
«Le Conseil européen est prêt à prendre de nouvelles mesures significatives», a annoncé dimanche 31 août son président, Herman Van Rompuy, faisant par là référence à de nouvelles sanctions contre la Russie, dans le cadre de la crise ukrainienne.
La Commission européenne a été chargée de les préparer «en urgence». Celles-ci doivent être présentées «d’ici une semaine» et une décision sera prise «en fonction de l’évolution de la situation sur le terrain», a-t-il dit à l’issue d’un sommet européen extraordinaire à Bruxelles.
L’UE exige notamment de la Russie qu’elle «retire toutes ses forces militaires» d’Ukraine. «Tout le monde est conscient qu’il faut agir rapidement», a souligné Herman Van Rompuy.
Washington s’est aussitôt réjoui de cette annonce: «Nous saluons le consensus d’aujourd’hui au Conseil européen (…) pour préparer de nouvelles sanctions à envisager dans les prochains jours», a déclaré la porte-parole de la sécurité nationale, Caitlin Hayden.
«Nous travaillons étroitement avec l’UE et nos autres partenaires pour tenir la Russie responsable de ses actions illégales en Ukraine, y compris à travers de nouvelles sanctions économiques», a-t-elle ajouté.
Dissensions européennes
Le conflit a franchi une nouvelle étape cette semaine après des informations concordantes sur des incursions de troupes régulières de l’armée russe en Ukraine.
Des consultations entre les 28 vont débuter dès lundi. La chancelière allemande Angela Merkel voulait que des sanctions puissent être prises dès mercredi, avant le sommet de l’OTAN au Pays de Galles, selon une source européenne. Mais quelques pays s’y sont opposés, dont la Slovaquie, en l’absence de précisions sur les secteurs concernés.
Angela Merkel a indiqué que ces sanctions toucheraient des secteurs déjà frappés depuis fin juillet. L’UE avait alors décidé d’imposer pour la première fois à la Russie des sanctions économiques dans quatre secteurs: accès aux marchés financiers, armement et technologies sensibles dans le domaine de l’énergie, biens à usage civil susceptibles d’avoir un usage militaire.
«Elles ont déjà eu un impact visible sur l’économie russe», a assuré Herman Van Rompuy. De nouveaux noms pourraient aussi être ajoutés à la liste des personnes et des entités visées par des sanctions ciblées.
Situation de non-retour
«Nous pourrions nous retrouver dans une situation (…) de non-retour si l’escalade se poursuit», a mis en garde le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso. Vendredi, il avait averti au téléphone le président russe Vladimir Poutine que toute nouvelle «déstabilisation» de l’Ukraine aurait un «coût élevé» pour la Russie.
«Nous sommes trop près de la frontière où il n’y aurait pas de retour», a lui aussi souligné samedi le président ukrainien Petro Porochenko, invité à s’exprimer devant ses homologues européens. Il a accusé la Russie d’avoir envoyé «des milliers» de soldats et «des centaines de chars» sur le territoire ukrainien, ce que Moscou nie catégoriquement.
Pour la présidente lituanienne Dalia Grybauskaité, «la Russie est en état de guerre avec l’Ukraine, un pays qui veut faire partie de l’Europe, ce qui signifie que Moscou est pratiquement en guerre contre l’Europe». Elle faisait partie des rares dirigeants européens qui ont plaidé, en vain, pour la fourniture à Kiev de matériel militaire.
Sur le terrain, le responsable séparatiste Alexeï Mozgovoï a affirmé samedi que les insurgés contrôlaient désormais près de 50% du territoire des régions de Donetsk et de Lougansk après les récents succès de leur contre-offensive.
Les rebelles se préparent à lancer une nouvelle grande offensive contre les forces gouvernementales dans l’est de l’Ukraine. Ils temporisent toutefois avant une éventuelle attaque sur le port stratégique de Marioupol, à près de 100 km au sud de leur bastion de Donetsk.(ats/Newsnet)