
Matteo Renzi, homme pressé de la politique, a décidé de changer son fusil d’épaule.
«C’est une grande révolution, le compte à rebours est lancé», a affirmé ce lundi 1er septembre le président du Conseil italien, en présentant devant la presse un nouveau site Internet. Celui-ci doit permettre aux Italiens de vérifier l’état des réformes.
Matteo Renzi est arrivé au pouvoir en février dernier, en promettant d’être le «rottomatore», le casseur, de la vieille Italie.
Depuis il n’a cessé d’affirmer devant la presse, sur Twitter ou sur les plateaux de télévision, sa volonté de changer l’Italie, d’en faire un pays «normal», «simple» dans son fonctionnement et reprenant toute sa place en Europe.
Brochette de réformes
Et pour faire bonne figure, il a multiplié les annonces. En mars, il s’est donné «cent» jours pour réformer la justice, l’administration publique et la fiscalité. Il a promis une réforme par mois.
Si celles de l’administration publique et de la fiscalité ont été bel et bien adoptées, au moins partiellement, la justice devra encore attendre. Lundi, aucune réforme nouvelle n’a été cette fois annoncée. Tout juste celle de l’école a été confirmée pour les prochains jours.
«Passo dopo passo»
Matteo Renzi a cette fois pris soin d’insister sur le bilan des sept premiers mois de son gouvernement. Et chaque citoyen, a-t-il assuré, pourra le vérifier en consultant ce site Internet au titre résumant la nouvelle philosophie de son gouvernement: «passo dopo passo» (pas à pas).
Le «Speedy Gonzalez» de la politique européenne, comme l’a souvent surnommé la presse italienne, se veut désormais un réformateur sérieux.
Fin de la «lune de miel»
«Il se rend compte qu’il n’a pas de baguette magique» pour changer le pays, et que «l’opinion publique est fatiguée, que la lune de miel est terminée», a expliqué Michele Sorice, professeur de science politique, spécialiste de communication politique, à l’université Luiss de Rome.
«Il a joué le rôle du rebelle» après son arrivée au pouvoir, mais «il a compris qu’aujourd’hui il lui fallait jouer celui de l’homme politique sérieux», ajoute cet expert.
Un «puzzle»
Matteo Renzi a exhorté lundi à la patience, expliquant que le gouvernement est face à un «puzzle» constitué de toutes les réformes à entreprendre, mais qu’à la fin des 1000 jours, en mai 2017, toutes les pièces seraient en place.
Et «si cela est à mettre au compte de la ‘maladie des annonces’, je suis content d’être jugé pour chaque fait, chaque chiffre, chaque nombre», a-t-il assuré devant la presse.
Opposition dubitative
L’opposition reste néanmoins dubitative. «Décevant. Un vacarme inutile de paroles pour présenter un site Internet et dire qu’on respectera les 3%» de déficit public», a commenté le chef des députés du mouvement de gauche Ecologie et Liberté, Arturo Scotto.
De leur côté, les milieux d’affaires s’impatientent. «Nous n’avons vu que peu de résultats concrets. Et tant de compromis», a jugé le patron du constructeur automobile Fiat Chrysler, Sergio Marchionne, dans une tribune publiée samedi par le quotidien La Stampa,tout en renouvelant sa «confiance maximum» au gouvernement.
Maché du travail
Nombreux sont ceux en Italie, mais aussi en Europe, à s’inquiéter de l’absence de réformes sur le plan économique, là où est pourtant attendu Matteo Renzi, à la tête d’un pays de nouveau en récession.
Le chef du gouvernement italien assure que la réforme très attendue du marché du travail est en cours. Mais il a surtout concentré jusque là ses efforts sur le terrain politique. Les réformes constitutionnelles comme celle du Sénat sont plus faciles à vendre à l’opinion publique, assure sur ce point Michele Sorice.
Annoncer que la réforme du Sénat aboutira à supprimer plus de 200 sénateurs «a un effet médiatique plus percutant que de se lancer dans des explications techniques sur le code du travail», fait valoir ce chercheur.
(ats/Newsnet)