
Barack Obama devait tenter ce jeudi 4 septembre de faire avancer son projet de coalition contre l’Etat islamique (EI) au sommet de l’OTAN à New Port, deux jours après la diffusion d’une vidéo montrant l’exécution d’un 2e journaliste. Les négociations s’annonçaient difficiles alors que les actions des djihadistes se poursuivent.
Le président américain a proposé de bâtir une coalition internationale visant à «détruire» l’EI, mais les éventuels partenaires pourraient être difficiles à convaincre.
Barack Obama s’apprête également à envoyer au Moyen-Orient son secrétaire à la Défense, Chuck Hagel, son secrétaire d’Etat, John Kerry, et la coordinatrice antiterroriste de la Maison Blanche, Lisa Monaco.
Difficile cependant de savoir qui participera à cette nouvelle coalition. «Le défi est effectivement très grand, étant donnés les multiples intérêts contradictoires existant dans la région», dit Nora Bensahel, du Center for a New American Security.
Toute nouvelle coalition devrait prendre la forme d’un groupe moins ouvert, reflétant la réalité géopolitique d’une région volatile et en plein chambardement.
Opérations clandestines
L’éventualité d’un accord entre l’Iran et l’Arabie saoudite, qui mènent par procuration le conflit régional entre chiites et sunnites est intrigante. De même que le soutien apporté par Washington au gouvernement chiite de Bagdad, qui est soutenu par Téhéran.
Washington exècre par contre le régime du président syrien Bachar al-Assad, aidé par l’Iran et la Russie, deux adversaires des Etats-Unis. L’administration Obama rejette l’idée d’une cause commune avec Assad, qu’elle considère comme un criminel de guerre.
Toute coalition anti-EI requerrait donc un rôle conséquent des Européens. Mais des questions demeurent sur l’engagement britannique, près d’un an après la révolte du parlement contre David Cameron. Le premier ministre souhaitait participer à la campagne de bombardements en Syrie. François Hollande, en revanche, a dit mercredi qu’une réponse «si nécessaire, militaire» était envisageable.
La réalité d’une coalition signifie que nombre d’opérations pourraient rester clandestines, car initiées par la CIA et les services secrets de pays comme la Turquie, la Jordanie et l’Arabie saoudite. Une coopération entre Washington et Téhéran resterait tacite. D’autres activités, comme l’exclusion du système financier international de l’EI, seraient davantage publiques.
Doute sur les compétences d’Obama
Une ultime incertitude concerne, enfin, Barack Obama. Depuis son élection, il a tenté avant tout de mettre fin aux engagements militaires américains en Irak et en Afghanistan, et a essayé de rééquilibrer la politique étrangère américaine vers l’Asie.
Or l’établissement d’une coalition aussi complexe nécessite un niveau d’engagement, et de dextérité diplomatique, dont les Etats-Unis de Barack Obama n’ont pas vraiment fait preuve au Moyen-Orient.
De son côté, le chef de l’OTAN, M. Rasmussen, a déclaré jeudi que «la communauté internationale dans son ensemble a l’obligation de stopper l’avancée de l’Etat islamique». La lutte contre cette organisation ultra violente fera l’objet de réunions en marge du sommet de l’OTAN et devait constituer le thème principal du dîner des chefs d’Etat jeudi soir.
Quarante personnes enlevées
Sur le terrain, les bombardements américains contre l’EI ont permis aux forces kurdes et irakiennes de reprendre plusieurs zones.
Ces défaites n’ont pas refroidi l’ardeur des djihadistes , qui ont enlevé jeudi 40 hommes à Haouidja, ville de la province de Kirkouk dans le nord de l’Irak. Les témoins joints par téléphone disent ignorer les raisons de cet acte et soulignent que le mouvement islamiste, qui s’est rendu maître de la ville, n’y a rencontré aucune résistance.
Le ministère de la Défense a fait savoir jeudi que trois «dirigeants» de l’Etat islamique avaient été tués par les forces gouvernementales au cours de trois opérations distinctes menées à Mossoul et à Tal Afar, dans le nord.
Quant à la famille de Steven Sotloff, journaliste américain décapité, elle a mis au défi leur chef de débattre sur les enseignements du Coran. «Steve est mort en martyr au nom d’Allah», a ajouté Barak Barfi, ami du journaliste et porte-parole de ses parents.(afp/Newsnet)