
Les députés «frondeurs» du Parti socialiste français ont annoncé mardi qu’ils s’orientaient vers une abstention collective la semaine prochaine lors du vote de confiance du nouveau gouvernement dirigé par Manuel Valls, qui s’annonce serré. L’écologiste Cécile Duflot, ancienne ministre du logement, ne votera elle pas la confiance.
Le premier ministre engagera le 16 septembre la responsabilité de son nouveau gouvernement sur une déclaration de politique générale, un vote par lequel il espère rassembler un parti divisé sur sa politique en faveur des entreprises.
«Nous nous orientons vers une abstention collective», a dit à la presse Christian Paul, l’un des chef de file des frondeurs. «Nous pensons qu’il n’est pas possible d’imposer au groupe socialiste une unanimité de façade», a-t-il ajouté, demandant à l’exécutif un changement de politique économique.
Cambadélis philosophe
Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, s’est montré philosophe à son arrivée à une réunion du groupe. «Ce n’est pas quelque chose qui m’étonne», a-t-il dit en appelant ses troupes à la «responsabilité collective» . «Nous ne sommes pas dans n’importe quel moment», a-t-il déclaré, soulignant la poussée du Front national (FN) dans le pays.
L’exécutif reste toutefois confiant sur l’issue du vote, la décision des frondeurs de s’abstenir plutôt que de voter contre la confiance étant de nature à permettre à Manuel Valls de passer l’obstacle du 16 septembre.
Le secrétaire d’Etat aux Relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, s’est ainsi dit «serein» mardi. «Je suis certain qu’il y aura une très, très large majorité de parlementaires socialistes qui voteront la confiance à Manuel Valls’, a-t-il déclaré sur France 2.
L’heure des comptes
L’heure des comptes est maintenant venue. Le groupe socialiste, qui dispose exactement de la majorité absolue avec 289 députés, ne fera donc pas le plein de voix mais l’ampleur de l’abstention en son sein est difficile à estimer.
Même les frondeurs semblent incapables de la prédire. Certains évoquent un chiffre supérieur à 11 élus. Il s’agit du nombre de députés socialistes qui s’étaient déjà abstenus le 8 avril dernier lors du vote de confiance du premier gouvernement de Manuel Valls.
Mais ils avaient été 41 à s’abstenir le 29 avril sur le vote du programmes d’économies de 50 milliards d’euros pour 2015-2017 et 33 socialistes s’étaient abstenus le 8 juillet sur le projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale.
Le gouvernement ne pourra compter ni sur l’opposition de droite, UMP et centristes, pour faire l’appoint, ni sur le Front de gauche, qui vote contre la plupart des textes socialistes. Le vote des 18 députés écologistes est une inconnue et les Verts pourraient se diviser le 16 septembre.
L’ex-ministre du Logement, Cécile Duflot, a annoncé mardi qu’elle ne voterait pas la confiance, mais d’autres, comme Jean-Vincent Placé, chef du groupe écologiste au Sénat, ne se sont pas prononcés clairement pour l’instant. Seul le groupe des radicaux de gauche reste fidèle à la majorité, même si ses 17 députés n’ont pas hésité à voter contre la réforme territoriale.
(ats/Newsnet)