UKRAINE La Russie répondra aux sanctions européennes

 

 

La Russie a annoncé jeudi la préparation de nouvelles mesures de rétorsion contre les pays occidentaux qui la sanctionnent, prévoyant notamment des restrictions aux importations de certaines voitures ou de produits de l’industrie légère.

Liste déjà prête

«Le ministère de l’Economie a déjà préparé, d’après ce que je sais, la liste des produits» qui seraient visés par ces nouvelles mesures, en plus des produits alimentaires déjà sous embargo depuis début août, a déclaré un conseiller du Kremlin, Andreï Belooussov, à l’agence de presse publique Ria Novosti.

«Mais j’espère que le bon sens prendra le dessus et que nous ne serons pas contraints d’adopter ces mesures», a-t-il ajouté.

Le conseiller s’exprimait alors que les 28 pays membres de l’UE se sont mis d’accord sur de nouvelles sanctions contre Moscou, visant notamment le secteur pétrolier vital pour la Russie, qui doivent être publiées vendredi malgré un semblant de détente sur le terrain.

Exportations européennes visées

Interrogé sur les produits qui pourraient être visés, il a cité «toute une série de produits non-agricoles pour lesquels nos partenaires, surtout les Européens, dépendent plus de la Russie que la Russie d’eux».

«Cela concerne par exemple les importations d’automobiles, en premier lieu d’occasion, cela concerne les produits de l’industrie légère que nous pouvons déjà produire nous-mêmes», a ajouté le conseiller, évoquant également certains vêtements.

Les constructeurs automobiles occidentaux ont massivement investi ces dernières années dans le marché russe, le deuxième en Europe après l’Allemagne. Les ventes automobiles sont en chute libre actuellement (-26% en août sur un an) à cause de la crise ukrainienne mais les industriels estiment que le marché deviendra à long terme le premier en Europe.

Embargo alimentaire

En réponse aux sanctions occidentales, Moscou a déjà décrété un embargo sur la plupart des produits alimentaires des pays qui la sanctionnent, provoquant une poussée des prix en Russie de certains produits, surtout la viande.

Les nouvelles sanctions européennes, sur lesquelles les pays membres ont peiné à s’entendre, doivent notamment restreindre l’accès aux marchés des capitaux pour les grandes compagnies pétrolières russes Rosneft et Transneft, ainsi que pour la branche pétrolière du géant gazier Gazprom.

Chute du rouble

Les informations concernant l’accord entre Européens ont provoqué une baisse à la Bourse de Moscou et conduit le rouble à un record de faiblesse face au dollar. Le mouvement n’a fait que s’accélérer après les déclarations du conseiller du Kremlin, le dollar bondissant jusqu’au niveau jamais vu de 37,62 roubles.

La Bourse de Moscou évoluait également en baisse, l’indice Micex (libellé en roubles) cédait 0,98% et le RTS (en dollars) 1,62% vers 13H45 GMT.

Les sanctions de plus en plus sévères introduites par les Occidentaux ont déjà provoqué des fuites massives de capitaux et placé la Russie au bord de la récession. Les consommateurs ont nettement réduit leurs achats les plus coûteux (automobiles, voyages…).

Le gouvernement prévoit une croissance de 0,5% cette année, contre 1,3% l’an dernier et des taux de 7% à 8% lors des deux premiers mandats de Vladimir Poutine (2000-2008). Il a récemment divisé par deux sa prévision pour 2015 à 1%.

Récession pour l’année prochaine

«Nous pensons que les sanctions sectorielles visant les banques, l’énergie et la défense vont rester en place pendant longtemps et placer l’économie en légère récession l’année prochaine», ont estimé les économistes de la banque d’affaires Morgan Stanley dans une note publiée la semaine dernière.

Les entreprises occidentales implantées en Russie, par le biais de leur fédération Association of European Businesses (AEB), avaient appelé en vain les Européens à ne pas adopter de nouvelles sanctions.

«On peut constater en Europe que l’idée selon laquelle ces sanctions sont contre-productives progresse», a déclaré de son côté jeudi le porte-parole de la diplomatie russe, Alexandre Loukachevitch.

«Nous comptons sur le fait que les entreprises feront pression sur les hommes politiques à courte vue qui jouent à ce jeu des sanctions», a-t-il ajouté.

(afp/Newsnet)