Discours de S.E Dominique DELLICOUR,
Chef de Délégation, Ambassadeur de l’Union européenne au Sénégal
Signature du programme indicatif national 11ème FED –
Dakar 15 septembre 2014
Seul le texte prononcé fait foi
Monsieur le Ministre de l’Economie et des Finances
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, chargés d’affaires des Etats membres et Chefs de coopération de l’Union européenne
Madame la Représentante de la BEI
Chers invités, Mesdames et Messieurs,
C’est un grand honneur pour moi de signer aujourd’hui au nom de l’Union Européenne le Programme indicatif National du 11ème FED qui définit les priorités de la coopération de l’Union avec le Sénégal pour les quatre prochaines années.
Le partenariat qui nous lie avec le Sénégal est fondé sur des valeurs fondamentales qui nous sont communes et exprimées dans l’Accord de Cotonou: la lutte contre la pauvreté et les inégalités, la croissance durable et inclusive, le respect de droits de l’homme, de la démocratie, de l’Etat de droit et la bonne gestion des affaires publiques. Il s’ancre aussi dans un projet global en faveur de la paix, la sécurité, la justice sociale et un développement soutenable à l’échelle mondiale.
Les priorités de coopération définies dans notre programme de coopération résultent d’un dialogue approfondi entre les autorités sénégalaises, sous la conduite du Ministère de l’Economie et des Finances, la délégation de l’Union européenne, et les Etats Membres de l’UE représentés au Sénégal. Elles résultent aussi de consultations de qualité avec les organisations de la société civile et le secteur privé. Le choix s’est porté après analyse sur trois priorités essentielles: -le renforcement de la gouvernance démocratique (justice, sécurité et prévention des facteurs de déstabilisation de l’Etat) – le développement agricole durable et la sécurité alimentaire et – l’accès à l’eau et l’assainissement. Les investissements de l’UE dans ces trois domaines viseront à favoriser le développement des territoires caractérisés par un niveau élevé de pauvreté faute d’accès des populations aux infrastructures économiques et sociales de base notamment dans les régions de l’Est et du Sud du Sénégal.
Globalement le 11ème Fonds européen de développement qui couvrira la période 2014-2020 s’élèvera à 30,5 milliards d’Euros pour l’ensemble des pays d’Afrique, des Caraibes et du Pacifique. Ceci traduit l’effort remarquable des Etats Membres de l’UE de maintenir leur contribution au Fonds malgré la situation économique et financière difficile que traversent beaucoup d’entre eux. L’Union européenne démontre par là qu’elle reste plus que jamais engagée en particulier sur le continent africain pour combattre la pauvreté et promouvoir une croissance durable.
L’allocation globale du 11ème FED au titre du programme indicatif national pour le Sénégal pour la période du 11ème FED 2014 -2020 est de 347 millions d’Euros, soit près de 228 milliards FCFA. Pour coller à la période couverte par la Stratégie Nationale de Développement, la programmation au Sénégal se fait en deux phases: le premier programme de coopération couvre la période 2014-2017 avec une enveloppe budgétaire de 200 million d’euros, soit plus de 131 milliards FCFA. Je rappelle que cet appui financier se fait sous forme de dons et donc ne contribue pas à l’endettement du Sénégal.
Cette allocation est supérieure à l’allocation financière du Sénégal dans le cadre du 10ème FED. S’y ajouteront des ressources substantielles provenant de la Facilité Energie de l’UE dont le Sénégal est un grand bénéficiaire et provenant aussi des programmes thématiques notamment ceux qui soutiennent directement les autorités locales et la société civile. Rien que pour 2014 et pour le seul secteur de l’énergie ces montants additionnels se chiffrent à 47,5 millions d’euros ( soit 31 mia de FCFA) pour financer des projets d’électrification en milieu rural.
La programmation 11ème FED est marquée par quelques innovations importantes qui méritent d’être soulignées: la recherche d’un impact maximal basé sur des résultats concrets de l’aide européenne, le recours encouragé au “blending” ou mixage entre dons et prêts pour démultiplier l’impact des investissements de l’UE, le focus donné à la sécurité alimentaire, en particulier dans le Sahel qui a connu plusieurs crises alimentaires successives.
L’innovation réside aussi dans la recherche d’une vraie synergie entre l’aide multilatérale de l’UE et les aides bilatérales des 7 EM qui sont actifs dans la coopération avec le Sénégal.
Cela signifie concrètement que dans les secteurs d’intervention communs à l’UE et aux Etats Membres, les objectifs et résultats à atteindre sont définis d’un commun accord et que les réformes à mettre en œuvre par les autorités font l’objet d’un dialogue concerté. Ensemble l’UE et les Etats Membres vont investir près d’un milliard 200 millions d’euros soit 787 milliards de FCFA dans les quatre prochaines années au Sénégal.
Les 3 secteurs prioritaires ont été retenus en raison de leur cohérence avec les priorités du PSE et en cohérence avec l’Agenda pour le changement de l’Union européenne. Le fil conducteur de la coopération européenne sera l’impact direct sur les revenus et conditions de vie des populations, une approche basée sur les résultats et l’amélioration de la gouvernance à tous les niveaux.
- A titre d’exemple pour renforcer l’Etat de droit et l’accès à la justice, l’UE prévoit de financer la justice de proximité en déployant dans le pays des maisons de justice au service des citoyens pour qu’ils connaissent leurs droits et puissentrégler leurs différends mineurs sans devoir recourir à des procédures longues et coûteuses devant les tribunaux.
Pour une meilleure gouvernance publique, nous travaillerons avec le Ministère des Finances et des institutions indépendantes telles que la Cour des Comptes pour renforcer la transparence et l’efficacité dans la gestion des finances publiques et assurer la reddition des comptes. Nous soutiendrons les services en charge de la gestion des frontières et de la lutte contre la criminalité organisée et le terrorisme.
- Le développement agricole durable et la sécurité alimentaire sont des facteurs incontournables pour un Sénégal émergent. L’agriculture au sens large occupe 70% de la population mais ne contribue que pour 15% au PIB. Nous sommes convaincus qu’il y a dans le monde rural une réserve de croissance qui doit être mieux exploitée. Notre appui contribuera à une meilleure prévention et réponse aux crises alimentaires et nutritionnelles, augmentera la productivité agricole durable et la résilience aux changements climatiques, favorisera l’accès au marché et la commercialisation des productions à travers des infrastructures de stockage et des pistes rurales et contribuera à l’électrification rurale. Enfin il améliorera la gouvernance de la gestion des facteurs de production.
- L’accès à l’eau potable et à l’assainissement sont deux piliers de l’amélioration des conditions de vie en particulier de celles des femmes en milieu rural. Nous investirons pour améliorer l’accès à une eau potable, corriger les disparités d’accès à des systèmes d’assainissement appropriés et garantir l’entretien des infrastructures d’eau potable et d’assainissement. Actuellement le taux d’accès à l’assainissement en zone rurale est de 38,7%. Pour ce qui est de l’accès à l’eau potable, la moyenne nationale pour le rural est de 84% mais il existe encore de grandes disparités entre les régions: l’UE entend bien soutenir les efforts de l’Etat pour redresser ces déséquilibres.
Les programmes de coopération de l’UE continueront d’ accorder une grande place aux organisations de la société civile et aux mouvements citoyens engagés dans le service direct aux populations mais aussi dans le rôle de veille de la mise en œuvre des politiques publiques.
En outre et comme l’a annoncé le Commissaire au Développement Andris Pielbags lors du Groupe Consultatif de février 2014 à Paris, le Sénégal aura aussi la possibilité de bénéficier de l’enveloppe régionale du FED réservé aux 15 Etats Membres de la CEDEAO et à la Mauritanie d’un montant de 1,15 milliards d’euros (754 milliards de FCFA). Le Sénégal ne peut se développer durablement et attirer l’investissement privé que si la paix, la sécurité sont consolidées dans la région. Sa croissance économique dépend d’une réelle intégration économique régionale permettant la libre circulation des personnes, biens et services et la mise en commun d’importantes infrastructures facilitant les transports et l’accès à l’énergie et aux ressources naturelles. Enfin pays du Sahel, il doit pouvoir assurer sa sécurité alimentaire en augmentant les capacités de gestion des crises, et la résilience des populations. Les fonds régionaux du FED soutiendront les actions concrètes identifiées entre pays voisins pour atteindre ces trois priorités.
La mise en œuvre de notre programme de coopération est déjà en cours et d’ici la fin 2014, 20 millions d’euros soit 13 milliards de FCFA devraient être décaissés dans le cadre de l’appui budgétaire sectoriel de l’UE pour une gestion durable des terres.
Le pilotage conjoint de la mise en œuvre de notre programme de coopération est crucial et nous avons convenu d’une matrice d’indicateurs de résultats qui fera l’objet d’un suivi rapproché.
Je voudrais pour conclure vous remercier, monsieur le Ministre, pour votre engagement personnel et votre disponibilité, ainsi que celle de vos services, que ce soit au niveau de votre Cabinet, de la Direction de la Coopération Economique et Financière et de la Direction de l’Investissement. Nos remerciements vont aussi aux Ministères sectoriels et organisations avec lesquels nous collaborons au quotidien. Ce n’est qu’en travaillant en étroite coopération que nous pourrons concrétiser sur le terrain les engagements que nous formalisons par cette signature.
Je saisis cette occasion pour remercier aussi les Etats Membres de l’UE pour leur soutien ainsi que les autres partenaires techniques et financiers engagés pour le développement du Sénégal.
[orbit]
Je vous remercie de votre aimable attention.
