ECOSSE: Qui des partisans ou des opposants à l’indépendance l’emportera?

 

Trois enquêtes d’opinion diffusées ce week-end ont donné le camp du maintien de l’Ecosse dans le Royaume-Uni en tête des intentions de vote, avec deux à huit points d’avance (respectivement à 51, 53 et 54%). Mais une quatrième enquête affirme que ce sont les indépendantistes qui devraient l’emporter avec 54% des voix.

Le spécialiste des sondages John Curtice souligne cependant que cette enquête ICM pour le Sunday Telegraph a été réalisé par internet auprès d’un échantillon relativement étroit de 705 personnes. «Si elles ne peuvent être rejetées en bloc, ces conclusions doivent être clairement analysées avec prudence», écrit-il sur son blog.

Jusqu’au week-end dernier, et à l’exception d’un sondage paru en 2013, toutes les enquêtes d’opinion donnaient une large avance aux adversaires de l’indépendance. Mais l’atmosphère a basculé. Une enquête diffusée le 6 septembre a laissé entrevoir la possibilité d’une victoire des indépendantistes, poussant le gouvernement Cameron à promettre en catastrophe davantage d’autonomie.

«Nationalisation» évoquée

La campagne se joue essentiellement sur les questions de l’avenir économique d’une Ecosse indépendante. Et elle s’est durcie ce week-end. L’ancien numéro 2 du Parti nationaliste écossais (SNP), Jim Sillars, a mis en garde les banques et les entreprises comme le groupe pétrolier BP qui ont exprimé leurs craintes qu’elles pourraient s’exposer à des mesures de rétorsion en cas de «Yes».

«Avec ce référendum, il est question de pouvoir. Par conséquent, lorsque nous aurons une majorité de ‘Oui’, nous nous en servirons pour réclamer des comptes à BP et aux banques», a-t-il dit dans les médias écossais. «BP, dans une Ecosse indépendante, devra apprendre la signification du mot nationalisation, partielle ou totale».

Le camp nationaliste accuse le Premier ministre britannique David Cameron d’avoir orchestré ces derniers jours une campagne d’intimidation impliquant le patronat britannique sur le thème des incertitudes économiques et financières d’une Ecosse indépendante.

Le Premier ministre écossais Alex Salmond, chef du SNP, a toutefois calmé le jeu samedi soir. «Il est malheureux qu’un certain nombre d’entreprises se soient laissé recruter par David Cameron. Mais laissez-moi vous dire une chose: après la victoire du ‘oui’, il nous incombera de tendre la main à tout le monde et de bâtir cette atmosphère de la ‘Team Scotland’ (l’équipe écossaise)», a-t-il dit.

Mobilisation orangiste

En cet ultime week-end de campagne avant un vote susceptible de mettre fin à une union vieille de 307 ans, les deux camps ont mobilisé plusieurs dizaines de milliers de partisans à Edimbourg et à Glasgow, la deuxième ville du pays.

Entre 12’000 et 15’000 personnes ont manifesté dans la capitale écossaise pour faire entendre «un retentissant non» à l’éclatement du Royaume-Uni. L’Ordre d’Orange, fondé en 1795 pour protéger les intérêts de la communauté protestante en Irlande, participait au rassemblement.

La plupart des militants orangistes avaient revêtu une tenue d’apparat, drapeau de l’Union Jack au vent. Ils étaient accompagnés de dizaines de petites fanfares venues de toute l’Ecosse et de l’Irlande du Nord voisine.

Du côté de la campagne officielle pour le non «Better Together», on s’est bien gardé de s’associer à la manifestation orangiste, redoutant qu’elle ne soit contre-productive. Nombre d’Ecossais favorables au maintien dans le Royaume-Uni voyaient aussi d’un oeil inquiet les tentatives extérieures à la province, qui chercheraient à dicter aux quelques quatre millions d’électeurs ce qu’ils doivent faire.

(ats/Newsnet)