UKRAINE: Kiev accuse les rebelles de menacer le processus de paix

 

Le fief séparatiste de Donetsk était d’ailleurs le théâtre d’intenses échanges de tirs.

Ces accusations, après le cessez-le-feu scellé entre Kiev et les rebelles le 5 septembre pour mettre fin à cinq mois de combats, interviennent au lendemain d’une passe d’armes entre Kiev et Moscou sur les intentions réelles de chaque camp.

«Les actes des terroristes menacent la réalisation du plan de paix du président ukrainien» Petro Porochenko, a estimé le porte-parole militaire ukrainien Volodymyr Poliovy. Il a souligné que les rebelles attaquaient des checkpoints de l’armée.

Il a étayé ses accusations en citant les déclarations d’un leader rebelle, Boris Litvinov, qui a fait savoir que les deux représentants des insurgés ayant signé l’accord de trêve n’agissaient «qu’en qualité d’observateurs» et non de participants directs au processus.

Enjeu de l’aéroport

Ce Dimanche 14 septembre, des journalistes étaient témoins d’un violent affrontement à l’artillerie lourde – jusqu’à une vingtaine de tirs par minute – à l’aéroport de Donetsk. Ce site stratégique se trouve sous le contrôle des forces armées ukrainiennes.

Alors que Petro Porochenko s’est félicité d’un «changement radical» de la situation depuis le 5 septembre, la population de plusieurs localités près de Donetsk vit toujours au rythme des bombardements, des dégâts à réparer et des nuits dans les caves.

La trêve est considérée avec méfiance par les Occidentaux qui la jugent insuffisante pour garantir une paix durable. Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso a réclamé une solution politique «basée sur le principe de la souveraineté de l’Ukraine».

Kiev et les Occidentaux accusent la Russie de jouer un rôle actif au sein de la rébellion séparatiste, par l’envoi d’armes et de soldats de ses troupes régulières, preuves satellitaires de l’OTAN à l’appui.

L’Ukraine «monnaie d’échange»

Après les nouvelles sanctions visant une économie russe au bord de la récession – appliquées de concert vendredi par l’Union européenne et les Etats-Unis – la Russie et l’Ukraine se sont livrées samedi à une guerre des mots qui devient coutumière.

A quelques jours d’une visite du président ukrainien à Washington, le Kremlin a accusé les Etats-Unis d’attiser le conflit dans l’Est pour des motifs purement stratégiques.

«Washington a prouvé à plusieurs reprises que son objectif était d’aggraver le plus possible cette crise afin d’utiliser l’Ukraine comme monnaie d’échange dans sa nouvelle tentative d’isoler et d’affaiblir la Russie», a lancé Sergueï Lavrov.

D’après le chef de la diplomatie russe, «l’Amérique veut profiter de la situation actuelle pour couper les liens économiques entre l’Europe et la Russie», et notamment imposer à l’UE ses livraisons de gaz à un prix supérieur. Sergueï Lavrov a dénoncé des efforts visant à «enfoncer un clou entre la Russie et l’Europe».

«Restaurer l’Union soviétique»

Pour sa part, le premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a estimé que la déstabilisation de l’Est n’était qu’une étape du plan du président russe, qui cherche selon lui à «éliminer l’Ukraine en tant qu’Etat indépendant».

«Le but final de Vladimir Poutine (…) est de s’emparer de toute l’Ukraine», a dit Arseni Iatseniouk lors d’une conférence internationale consacrée à la stratégie pro-européenne de l’Ukraine.

Le président russe «ne peut pas accepter l’idée que l’Ukraine fasse partie de la famille européenne, il veut restaurer l’Union soviétique», a ajouté le chef du gouvernement.

Application de l’accord reportée

L’Ukraine doit ratifier mardi l’accord historique d’association avec l’Union européenne, concrétisant son éloignement du giron russe.

Tout en sanctionnant Moscou pour son rôle dans le conflit, l’UE lui a fait une concession majeure vendredi, en acceptant de repousser à fin 2015 l’entrée en vigueur de cet accord de libre-échange.

Sur le plan humanitaire, un convoi russe contenant 2000 tonnes d’aide – notamment de la nourriture, des médicaments et des vêtements chauds – est arrivé samedi dans le bastion rebelle de Lougansk. Ce convoi de 216 véhicules a quitté l’Ukraine en soirée.(ats/Newsnet)