NIGERIA: Une fusillade dans une université fait plusieurs morts

 

Des tirs et une explosion ont retenti mercredi 17 septembre dans un établissement universitaire de Kano, la plus grande ville du nord du Nigeria, laissant craindre de nombreuses victimes, selon des témoins.

Des étudiants et des employés de l’Institut fédéral d’enseignement supérieur, situé dans le quartier de Kofar Kabuga, ont déclaré avoir fui suite à des tirs et une explosion qui ont retenti sur le campus vers 14 heures (15 heures en Suisse).

Des «insurgés» se sont précipités sur le campus de l’Institut fédéral d’enseignement supérieur de Kano après des échanges de tir avec la police à l’extérieur, a rapporté le commissaire de police de l’Etat de Kano, Adelere Shinaba.

«Il s’agissait vraisemblablement de kamikazes. Un de nos policiers a tiré sur un des hommes armés, déclenchant les explosifs qu’il portait sur lui et le tuant», a-t-il expliqué. «Un autre homme armé a été tué. Treize personnes ont été tuées par les hommes armés et 34 autres, blessées, ont été transportées à l’hôpital», a ajouté Adelere Shinaba.

La plupart des victimes de ce centre de formation d’enseignants se trouvaient dans l’auditorium, où les assaillants se sont rués.

Gilet piégé

Selon un étudiant qui déjeunait non loin de là et qui a souhaité garder l’anonymat, les deux hommes, entièrement vêtus de noir, ont demandé à toutes les étudiantes de s’allonger sur le ventre.

«Ils ont crié +c’est vous qui dites que Boko Haram n’existe pas?+» a-t-il raconté.

Quand les tirs ont commencé, la police a ouvert le feu, provoquant l’explosion du gilet piégé que l’un des attaquants portait sur lui et abattant le second, selon Adelere Shinaba.

On ignore dans quelles circonstances exactes – tirs ou explosion – sont mortes les treize victimes.

L’explosion a fait voler en éclats les vitres et le plafond s’est effondré sur les sièges, recouverts de sang, selon un journaliste sur place.

La police a ensuite recouvré deux fusils d’assaut et des explosifs, a indiqué Adelere Shinaba.

Le président nigérian Goodluck Jonathan a exprimé ses condoléances aux familles des personnes tuées et ses voeux de rétablissement aux blessés, après cet «attentat odieux».

«Le président félicite les officiers et les hommes de la force de police nigériane qui ont agi rapidement pour faire face aux assaillants et limiter le nombre de victimes», selon un communiqué de la présidence.

«L’éducation occidentale est un péché»

Les établissements scolaires de Kano, la plus grande ville du nord du Nigeria, majoritairement musulman, sont souvent pris pour cible par le groupe islamiste Boko Haram, dont le nom signifie «l’éducation occidentale est un péché» en langue haoussa.

Le 30 juillet, une kamikaze s’était fait exploser sur le campus de l’institut polytechnique de Kano, tuant six étudiants.

Le 27 juillet, une autre kamikaze avait déclenché une bombe devant une autre université de la ville, au moment où la police l’avait empêchée d’accéder au campus.

Un haut dignitaire musulman du Nigeria a estimé mardi indispensable d’accroître les investissements dans le nord du pays, afin d’y enrayer la radicalisation politique.

Les habitants du Nord, en majorité musulmans, sont «exclus économiquement et marginalisés politiquement», a déclaré l’émir de Kano, Mohammed Sanusi II, à BBC.

Selon ce dignitaire musulman, le deuxième du pays, le gouvernement nigérian doit s’attaquer à la racine des privations sociales et économiques dans la région, car cette situation constitue, dit-il, «un terreau fertile pour les idéologies extrémistes».

10’000 morts

«Quand il y a des motifs de ressentiment, cela devient très facile de propager toutes sortes d’idées irresponsables et de convaincre les gens», a souligné l’émir.

Boko Haram, dont l’insurrection sanglante a fait plus de 10’000 morts dans le pays depuis cinq ans, progresse, ces dernières semaines, de façon fulgurante dans son fief du Nord-Est, s’emparant de villes et de villages des Etats de Borno, Yobe et Adamawa.

(afp/Newsnet)