FRANCE: Hollande choisit l’international pour redorer son image

François Hollande a annoncé que la France avait décidé d’accorder un «soutien aérien» à l’Irak pour combattre l’organisation Etat islamique, mais celui-ci sera limité aux frontières du pays et il n’y aura «pas de troupes au sol» françaises.

«J’ai décidé de répondre à la demande des autorités irakiennes pour accorder le soutien aérien» à la lutte contre les djihadistes de l’Etat islamique (EI), a déclaré le président français au cours d’une conférence de presse semestrielle ce jeudi 18 septembre.

Il a précisé que la France ne déploierait pas de troupes au sol et que les premières frappes par des avions français pourraient intervenir rapidement. Un engagement aussitôt qualifié d’«évidemment bienvenu» par le chef de la diplomatie américaine John Kerry.

Un président crispé

A Paris, l’initiative, plutôt bien accueillie par l’opposition de droite, a été critiquée à l’extrême gauche, qui a reproché au chef de l’Etat, «acculé par les difficultés intérieures», de «tenter de détourner l’attention».

Face à plus de 300 journalistes réunis à l’Elysée, François Hollande, crispé et le visage grave avant de se détendre au fil de la conférence, a aussi annoncé l’envoi «en Guinée forestière d’un hôpital militaire français» pour aider à la lutte contre Ebola.

L’annonce intervient au moment où la France attend pour la première fois l’arrivée sur son sol d’une malade du virus, une volontaire de l’ONG Médecins sans frontières contaminée au Liberia.

«Une Europe à plusieurs vitesse»

Dans un contexte de croissance économique atone en Europe, François Hollande a mis en garde contre le danger pour le continent d’«un scénario de fin de croissance» et d’un «projet européen» qui «se dilue» et ouvre la voie aux «égoïsmes» et aux «séparatismes».

«L’Europe, elle doit être une protection, elle ne l’est pas aujourd’hui. En tout cas, elle n’est pas ressentie comme telle». «Tous les scrutins européens ne sonnent plus comme des avertissements, mais comme des tocsins», a-t-il dit.

Il a réitéré son appel à une «réorientation» vers une «véritable politique de croissance et d’emploi» et plaidé pour «une Europe à plusieurs vitesses, où le couple franco-allemand doit être le moteur». La France est «prête à de nouvelles initiatives (…) pour aller plus loin avec l’Allemagne dans des politiques intégrées, comme la transition énergétique, le numérique et les infrastructures», a-t-il affirmé.

Longuement interrogé sur la situation intérieure française, François Hollande est resté sur la défensive, commençant souvent ses réponses par les deux mots «pas facile»: «Pas facile d’expliquer», «pas facile de faire des réformes»…

Résultats tardifs

En panne de résultats économiques, sa vie privée étalée au grand jour, son gouvernement contesté, le président, à mi-mandat, cherche à relancer son quinquennat et s’imposer en réformateur d’une France qui lui voue un désamour jamais vu.

Seuls 13% des Français sont favorables à une candidature à sa réélection en 2017, selon un sondage publié mercredi.

«J’ai conscience que notre société est devenue défiante à l’égard de tous les pouvoirs, à l’égard même de l’avenir», s’est défendu le chef de l’Etat. Il a reconnu que les résultats de sa politique «tardaient à venir», mais assuré qu’«ils viendront», espérant que ce sera «avant 2017».

Le président français traverse depuis l’été une «séquence désastreuse», selon les politologues.

Il a dû remanier fin août le gouvernement du Premier ministre Manuel Valls, forcé par la rébellion de plusieurs ministres contre sa ligne réformiste, puis évincer un promu de la nouvelle équipe qui avait omis de payer ses impôts.

La sortie début septembre d’un livre-brûlot de son ex-compagne, Valérie Trierweiler, l’a également touché de plein fouet en le décrivant comme méprisant les pauvres, ce qu’il a démenti en se disant «blessé». Interrogé à nouveau à ce sujet jeudi, il a refusé d’y revenir.

Pas encore candidat

La panne de l’économie, sur fond de chômage record de plus de 10%, l’a contraint à repousser de deux ans, à 2017, le retour du déficit public français sous le plafond européen de 3% du PIB.

Pour couronner le tout, le gouvernement Valls n’a obtenu mardi qu’une majorité étriquée au Parlement. Une trentaine de députés de l’aile gauche du Parti socialiste se sont abstenus de lui voter la confiance.

Interrogé sur son éventuelle candidature à un deuxième mandat, en 2017, François Hollande a affirmé que cette «idée» n’était «pas présente» en lui. «Mon sort personnel n’est pas mon objectif. Mon seul objectif, c’est le mandat que j’ai reçu, c’est la France», a-t-il dit.

(afp/Newsnet)