Kiev est prêt à se défendre si le processus de paix échoue

 

L’Ukraine est prête à se défendre militairement si le processus de paix échoue avec les séparatistes prorusses, a déclaré ce dimanche 21 septembre le président ukrainien Petro Porochenko lors d’une interview à des chaînes de télévision ukrainiennes. «Nous devons renforcer nos lignes de défense, renforcer notre armée», a ajouté le chef de l’Etat ukrainien, évoquant pour cela l’acquisition «d’équipements» auprès des Occidentaux.

L’armée ukrainienne a annoncé dans la journée son refus de mettre en oeuvre le plan de paix négocié avec les séparatistes prorusses tant que la trêve ne serait pas totale dans l’Est, où deux soldats ont péri après l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu consolidé.

Cette mise au point des militaires ukrainiens présage d’une difficile application des mesures de paix décidées samedi à Minsk par les représentants de Kiev et par les dirigeants de la rébellion séparatiste et salués par la communauté internationale, Moscou compris, après cinq mois de conflit.

Parallèlement, la violence des combats, qui ont fait près de 2.900 morts et provoqué la fuite de plus de 600.000 civils, a pour la première fois conduit à l’organisation à Moscou d’un rassemblement massif pour la paix.

Le cessez-le-feu est une condition

Mais le porte-parole de l’armée ukrainienne, Andriï Lyssenko, a estimé que la mise en oeuvre de cette zone démilitarisée ne serait possible qu’une fois que le cessez-le-feu serait complet dans les régions séparatistes russophones de Donetsk et de Lougansk.

«L’un des principaux points (de l’accord de Minsk) concerne le cessez-le-feu et seulement après, il y a les autres points», a déclaré M. Lyssenko.

«Tant que ce premier point n’est pas acquis, nous ne pouvons pas parler des points suivants», a-t-il averti, alors que le texte prévoit bien une entrée en vigueur simultanée des neuf points sur le territoire contrôlé par les rebelles, soit une zone qui s’étend sur 230 km de Lougansk à la mer d’Azov au sud et sur 160 km dans sa plus grande largeur entre Donetsk à l’ouest et la frontière russe à l’est.

37 civils et militaires tués

Ce mémorandum fait suite à un «protocole de cessez-le-feu» conclu le 5 septembre, déjà à Minsk. Mais depuis cette date, au moins 37 civils et militaires ont été tués dans l’est de l’Ukraine, selon un comptage a minima de l’AFP.

A Donetsk, principale ville tenue par les prorusses, des tirs à l’arme lourde se sont poursuivis par intermittence dimanche matin aux abords de l’aéroport contrôlé par l’armée loyaliste, mais le calme semblait revenir dans l’après-midi.

Moins de tirs

«Depuis l’aube et l’entrée en application du cessez-le-feu, nous avons remarqué une diminution de l’utilisation par l’armée ukrainienne des lance-roquettes multiples et de l’artillerie», a déclaré à l’AFP un membre des services de renseignement militaire de la République autoproclamée de Donetsk, prénommé Denis.

«Ils tirent moins sur les quartiers de la ville proches de l’aéroport. Mais ils n’ont pas bougé, ne se sont pas repliés. Leurs chars et leurs blindés sont cachés dans les parkings souterrains, dans des positions enterrées», a-t-il ajouté.

«Nous avons reçu l’ordre de ne pas leur tirer dessus à l’arme lourde. Mais quand ils nous tirent dessus, nous répliquons, bien sûr. Dès qu’ils observent un mouvement de notre part, ils tirent. Chacun veut montrer à l’autre qu’il est toujours là», a expliqué Denis.

Encore de l’espoir

Samedi soir, le commandant en chef des forces de l’Otan, le général américain Philip Breedlove, avait fustigé un cessez-le-feu qui n’existe «que sur le papier» et dénoncé «un flux incessant» de troupes russes et prorusses entre la Russie et l’Est de l’Ukraine aux mains des rebelles.

Aux termes du mémorandum de Minsk, «toutes» les troupes étrangères doivent pourtant quitter l’Ukraine. Mais Moscou a toujours démenti toute présence de ses troupes malgré les informations de médias indépendants russes selon lesquels des parachutistes tués en Ukraine ont été inhumés en Russie.

«Mais nous espérons que cela va changer», a ajouté le général Breedlove, tout en précisant que le nombre des soldats russes à l’intérieur de l’Ukraine avait «baissé de manière significative» par rapport à leur niveau le plus élevé, selon lui, il y a «plus d’une semaine».(smk/ats/Newsnet)