
Plusieurs éditorialistes estiment que la France est en guerre contre l’Etat islamique.
«Nous sommes en guerre. Faisons-la ! Jusqu’au bout», propose ainsi ce mardi 23 septembre Raymond Couraud dans L’Alsace. «Les alliés doivent cogner plus fort encore cet ennemi dépourvu de toute humanité», s’enflamme-t-il en précisant qu’il fallait «une riposte tout aussi déterminée sur notre sol».
Pour L’Est Républicain, Philippe Marcacci estime aussi qu’il «s’agit d’une guerre où chacun fourbit ses armes». Mais, met-il en garde, c’est un «conflit asymétrique où un mort, un geste ou une image peuvent faire plus de dégâts qu’une nuée de régiments déployés sur le terrain.»
«Céder devant la menace reviendrait à encourager ces fanatiques dans leur délire d’islamisation planétaire», admet Patrice Chabanet (Journal de la Haute Marne) qui s’inquiète toutefois de ce que ce «combat sera long face à des hordes qui n’ont pas peur de la mort..»
Tentation d’un «front extérieur en Europe»
D’autant, écrit Philippe Waucampt du Républicain Lorrain, que «plus l’EI sera affaibli par les frappes aériennes, le revirement de tribus sunnites et la montée en puissance des combattants kurdes armés par nos soins (…) plus cette multinationale de la délinquance religieuse sera tentée d’ouvrir un front extérieur en Europe.»
«La France est en guerre (mais) la France apparaît bien seule dans cette lutte. Pour engager un tel combat anti-djihad, une force européenne n’aurait pas été inutile», regrette Stéphane Siret de Paris-Normandie.
Plusieurs éditorialistes font entendre une voix moins guerrière.
C’est notamment le cas de Dominique Jung qui, dans les Dernières Nouvelles d’Alsace, souligne que «ne pas céder à la panique est notre première obligation».
A cet égard, François Sergent, estime, dans Libération, qu’«il est impératif, … que le président français s’explique sur ses buts de guerre, sur la durée de son engagement et surtout qu’il dise quels seront les critères d’une victoire sur cet ennemi.»
«Un coup de pied dans la fourmilière»
Le Figaro, sous la plume de Philippe Gélie interpelle François Hollande qui en «emboîtant le pas de Barack Obama, (…) a décidé de bombarder l’EI comme on donnerait un coup de pied dans la fourmilière, sans du tout savoir quel résultat cela va produire».
Or, selon lui, «le risque est réel de renforcer sur place d’autres groupes anti-occidentaux. Et en France, en Algérie ou ailleurs, Daech (EI) ne manque pas de main-d’œuvre pour passer des paroles aux actes. »
Dans La Montagne Centre-France, Jacques Camus remarque que «François Hollande a déclenché les opérations aériennes en Irak dans l’affirmation solitaire de son autorité régalienne», mais il demande que «les Français, à qui l’on demande sang-froid et unité, doivent être pleinement associés. Il ne suffit pas de leur dire : » N’ayez pas peur. «»
Jean-Claude Soulery (La Dépêche du Midi), remarque que «cette irruption soudaine au cœur d’une société en paix n’a qu’un but: créer une peur diffuse, une forme d’oppression, qui, elle-même, entraîne une suspicion générale, un lent venin qui se répand dans le tissu social». Arriver à «ce délitement de nos sociétés signerait la victoire des terroristes. Il faut refuser cette sinistre logique», met-il en garde.
(afp/Newsnet)