Les frappes américaines tuent 20 membres de l’Etat islamique

 

Plus de 20 combattants de l’organisation Etat islamique (EI) ont péri dans les frappes menées mardi avant l’aube en Syrie par la coalition dirigée par les Etats-Unis, a rapporté l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) dans un premier bilan.

«Plus de 20 membres de l’EI ont été tués dans des frappes sur deux positions de l’organisation dans la province septentrionale de Raqa qui ont été complètement détruites avec les véhicules qui s’y trouvaient», a précisé l’ONG qui se base sur un large réseau de sources civiles, médicales et militaires à travers la Syrie.

Premiers bombardements

L’armée américaine et des pays arabes ont bombardé pour la première fois des positions de l’Etat islamique (EI) en Syrie dans la nuit de lundi à mardi 23 septembre, nouvelle étape de l’offensive contre ce groupe djihadiste, également combattu en Irak.

La coalition des positions du Front Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaïda, dans le nord de la Syrie, outre les positions des djihadistes de l’Etat islamique (EI), a affirmé une ONG. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), les frappes ont visé des positions d’Al-Nosra dans une région de l’ouest de la province d’Alep tuant sept de ses combattants et huit civils.

Quelques heures plus tôt, un groupe lié à l’EI avait revendiqué lundi 22 septembre le rapt d’un Français en Algérie et menacé de l’exécuter dans les 24 heures si la France n’arrêtait pas ses frappes en Irak aux côtés des Etats-Unis.

Le centre du pouvoir pour cible

«Je peux confirmer que l’armée américaine et des forces de nations partenaires mènent une action militaire contre les terroristes de l’EIIL (Etat islamique) en Syrie au moyen d’avions de chasse, de bombardiers et de missiles Tomahawk», a indiqué lundi soir le porte-parole du Pentagone, le contre-amiral John Kirby.

Le ministère syrien des Affaires étrangères a ensuite fait savoir que les Etats-Unis avaient préalablement «informé le représentant de la Syrie auprès des Nations Unies que des frappes allaient être menées contre l’organisation terroriste Etat islamique à Raqa» (nord).

Selon un responsable du Pentagone, les raids visaient principalement des positions de l’EI à Raqa, qui est de facto le centre du pouvoir de l’EI, ainsi que des cibles sur la frontière, très poreuse, entre la Syrie et l’Irak.

Les pays arabes dans la flotte

Un autre responsable a confirmé auprès de l’AFP, sous couvert de l’anonymat, que des pays arabes «partenaires» ont participé aux bombardements, sans préciser lesquels. Selon la chaîne de télévision ABC, il s’agit du Bahrein, du Qatar, de la Jordanie, de l’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis.

Le président américain Barack Obama avait prévenu le 10 septembre, dans un discours solennel, qu’il se réservait le droit de frapper l’Etat islamique y compris dans son sanctuaire syrien. Plusieurs dizaines de pays ont offert de participer d’une manière ou d’une autre au combat contre le groupe extrémiste sunnite.

Représailles

En représailles, l’EI a appelé lundi ses fidèles, dans un message publié en plusieurs langues, à tuer les citoyens – notamment américains et français – des pays appartenant à la coalition internationale.

Quelques heures plus tard, le groupe djihadiste, algérien «Jund al-Khilafa», qui a fait allégeance à l’EI, a revendiqué dans une vidéo l’enlèvement d’un Français, enlevé dimanche soir à Tizi Ouzou, à 110 km à l’est d’Alger.

La vidéo montre l’otage, Hervé Pierre Gourdel, 55 ans, demandant au président français de le sortir de cette situation. Il est assis par terre entouré de deux hommes masqués et armés de kalachnikovs.

«Je laisse à Hollande, le président de l’Etat français criminel, le soin d’arrêter les attaques contre l’Etat islamique dans les 24 heures qui suivent la publication de ce communiqué ou son ressortissant Hervé Gourdel sera égorgé», déclare un des deux hommes armés dans cette vidéo.

Pas de concession

Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a «malheureusement» confirmé l’authenticité de la vidéo, qualifiant la situation d’«extrêmement critique». Il a ajouté qu’il n’était «pas question de céder aux menaces d’un groupe terroriste». «Un groupe terroriste ne peut pas infléchir la position de la France», a-t-il dit.

Face à la mise en garde de l’EI, ciblant explicitement «les méchants et sales Français», Paris a appelé «à la plus grande prudence» ses ressortissants résidant ou étant amenés à se déplacer dans une trentaine de pays, notamment au Maghreb, au Moyen-Orient et en Afrique.

Egalement visée par l’appel au meurtre de ses ressortissants, l’Australie considère comme «bien réelles» ces menaces, quelques jours après avoir annoncé avoir déjoué des projets d’assassinats de l’EI sur son sol, en particulier la décapitation de civils.

Offensive sur l’Irak

Autre allié des Etats-Unis, le Premier ministre britannique David Cameron, qui doit s’entretenir prochainement avec le président iranien Hassan Rohani, tentera à cette occasion de rallier Téhéran à la coalition internationale.

En Irak, les djihadistes ont attaqué dimanche une base de l’armée irakienne, à l’ouest de Bagdad, où ils ont tué 40 soldats et en ont capturé 70 autres, a rapporté un officier irakien.

L’armée américaine a mené quatre frappes aériennes en Irak lundi 22 septembre, portant le total des bombardements à 190 depuis le début de l’offensive contre l’EI, selon le commandement américain chargé du Moyen-Orient et de l’Asie centrale (Centcom).

Fuites massives

En Syrie voisine, où l’EI s’est emparé d’au moins 64 villages de la région d’Aïn al-Arab (Kobané en kurde) depuis la semaine dernière, les habitants continuaient lundi à fuir vers la Turquie.

Les djihadistes veulent prendre Aïn al-Arab, la troisième ville kurde de Syrie, pour s’offrir le contrôle total d’une longue bande de la frontière syro-turque. Mais leur progression rapide des derniers jours a été ralentie lundi par les combattants kurdes, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Le vice-Premier ministre turc, Numan Kurtulmus, a annoncé que le nombre de Syriens ayant fui en Turquie ces derniers jours avait «dépassé 130.000» et assuré que son pays avait «pris toutes les mesures nécessaires au cas où l’afflux de déplacés se poursuivrait».

Frapper partout

Confirmant ce chiffre, le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a indiqué que les déplacés avaient trouvé refuge dans plusieurs villes du sud-est de la Turquie, passant par neuf postes frontaliers.

Face à la percée djihadiste, dans le nord-est de la Syrie, le chef de la coalition nationale de l’opposition syrienne Hadi al-Bahra a appelé la communauté internationale à mener des frappes aériennes «immédiatement».

«Frapper les djihadistes de l’EI uniquement en Irak ne marchera pas, s’ils continuent à opérer, à se regrouper et à s’entraîner en Syrie», a-t-il martelé.

(afp/Newsnet)