ESPAGNE: Madrid retire son projet de loi controversé sur l’avortement

 

Le projet de loi sur l’avortement avait suscité de nombreuses critiques jusque dans le camp du gouvernement de Rajoy.

Le ministre espagnol de la Justice, Alberto Ruiz Gallardon, a annoncé ce mardi 23 septembre sa démission après le retrait du projet de loi supprimant le droit à l’avortement, constesté jusque dans les rangs de la droite au pouvoir.

Ce projet, modifiant la précédente loi adoptée en 2010 par le gouvernement socialiste, réduisait considérablement le droit à avorter en Espagne, y compris dans les cas de malformation du foetus. «Le gouvernement a fait le plus d’efforts possibles pour tenter de parvenir au meilleur consensus possible», a déclaré Mariano Rajoy devant des journalistes ce mardi 23 septembre.

«Nous allons continuer à étudier des formules permettant de parvenir à un meilleur accord sur la réforme. Mais en ce moment, je crois avoir pris la décision la plus sensée», a ajouté le chef du gouvernement.

Levées de boucliers et résistances

Le gouvernement Rajoy avait adopté en décembre ce projet, qui n’autorise l’avortement qu’en cas de danger prouvé pour la vie ou la santé physique ou psychologique de la femme, ou après un viol, mais exclut les cas de malformation du foetus comme motif valable.

La loi, qui a soulevé une levée de boucliers à gauche mais a suscité aussi de fortes résistances jusqu’au sein du Parti populaire de Mariano Rajoy, n’avait toujours pas été présentée au Parlement, où les conservateurs pourtant disposent de la majorité absolue.

«C’est une loi compliquée, sensible socialement», avait reconnu vendredi la numéro deux du gouvernement, Soraya Saenz de Santamaria. «Le gouvernement veut travailler pour atteindre le consensus le plus large possible», avait-elle ajouté. La loi actuelle autorise l’avortement jusqu’à 14 semaines de grossesse pour toutes les femmes.

Soulagement chez les pro-avortement

Pour les pro-avortement, «c’est une bonne nouvelle pour l’Espagne ainsi que pour les pays voisins», a estimé Isabel Serrano, porte-parole de la plate-forme «Decidir nos hace libre» («Décider nous rend libres»).

«Nous revenons au point que nous n’aurions jamais dû quitter: au cadre européen où l’on respecte la décision de la femme et surtout où l’avortement se fait dans des conditions sûres et égalitaires», a-t-elle ajouté.

(ats/Newsnet)