ETAT ISLAMIQUE: La coalition dirigée par Washington a effectué ses premiers raids

 

Les premiers avions de l’armée américaine et des pays arabes ont démarré l’offensive contre les djihadistes.

Les Etats-Unis, appuyés par cinq pays arabes, ont mené dans la nuit de lundi à mardi leurs premières frappes contre des positions de l’Etat islamique (EI) en Syrie. Ils ont ce faisant ouvert un nouveau front contre les djihadistes sunnites, également présents en Irak.

Une cinquantaine de cibles de l’EI ont été frappées dans les provinces de Raka, principal bastion du groupe islamiste en Syrie, de Daïr az Zour et de Hasakah (est). Au moins 70 djihadistes ont été tués, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).

Le groupe Khorasan, une unité d’Al-Qaïda proche du Front al-Nosra, a également été pris pour cible dans les provinces d’Alep et d’Idlib (ouest), cette fois par les seules forces américaines. Le bilan serait d’au moins 50 combattants et huit civils tués. D’après l’OSDH, la plupart des victimes seraient des ressortissants étrangers.

L’administration américaine assure que ce groupe armé, organisé autour de figures historiques d’Al-Qaïda, se préparait depuis des mois à des attentats contre des cibles aux Etats-Unis ou en Europe et que la menace était imminente.

Soutien de pays arabes

D’après un décompte du Pentagone, plus de 160 projectiles ont été utilisés pour ces frappes qui, selon le commandement des forces américaines, ne font que commencer.

Cinq gouvernements arabes sunnites – l’Arabie saoudite, le Qatar, les Emirats arabes unis, la Jordanie et Bahreïn, tous signataires de la déclaration de Djeddah le 11 septembre contre l’Etat islamique – ont participé ou apporté leur soutien à ces frappes.

Barack Obama, s’exprimant mardi à Washington, a souligné que leur participation apportait la démonstration que les Etats-Unis ne sont pas seuls dans ce combat.

«L’Amérique est fière de se tenir côte à côte avec ces nations au nom de notre sécurité commune. La force de cette coalition démontre clairement au monde que ce n’est pas un combat mené par les seuls Etats-Unis», a-t-il déclaré.

Gouvernement de Damas prévenu

Barack Obama a ajouté qu’il continuerait de renforcer la coalition, face à la menace que représente le groupe d’Abou Bakr al-Baghdadi.

Les frappes ont été menées à partir de navires croisant en mer Rouge et dans le Golfe. Le chasseur-bombardier furtif F-22 Raptor, le plus sophistiqué de l’arsenal américain, a été utilisé pour la première fois au combat, a confirmé un responsable militaire américain.

Ces opérations marquent le premier engagement de Washington dans le conflit syrien depuis son déclenchement en mars 2011. Le gouvernement de Damas a été prévenu quelques heures avant le début des frappes.

Opportunisme de Damas

Recevant un émissaire du gouvernement irakien, le président syrien Bachar al-Assad a fait savoir par la télévision publique qu’il était prêt à «poursuivre sa lutte contre le terrorisme» et a apporté son soutien aux initiatives internationales contre l’EI.

Depuis l’offensive éclair lancée par les djihadistes sunnites début juin en Irak, Damas voit dans cette menace un moyen de réintégrer le jeu diplomatique. Mais Washington exclut toute coordination avec le dirigeant syrien et exige toujours son départ.

Opposition syrienne satisfaite

L’Armée syrienne libre (ASL), un groupe de l’opposition syrienne que soutiennent les Occidentaux, a salué cet engagement étranger et estimé qu’il était de nature à lui redonner l’avantage contre les forces pro-gouvernementales.

«Cela va nous renforcer dans notre combat contre Al-Assad. La campagne doit se poursuivre jusqu’à l’éradication complète de l’Etat islamique», a déclaré un responsable de la Coalition nationale syrienne (CNS).

Vide militaire

Certains groupes de l’insurrection syrienne redoutent néanmoins qu’Al-Assad tire profit de l’offensive. «Il est à craindre que le régime exploite le vide militaire créé dans les secteurs que l’Etat islamique contrôlait pour obtenir des avancées militaires», a dit un commandant local de l’ASL dans l’ouest.

Cette inquiétude explique notamment pourquoi la France, dont l’aviation a frappé l’Etat islamique dans le nord de l’Irak, a exclu de prendre part à des opérations aériennes en Syrie.

(afp/Newsnet)