FRAPPES EN SYRIE: Didier Burkhalter appelle à une résolution de l’ONU

 

Didier Burkhalter s’est prononcé mardi à New York en faveur d’une résolution de l’ONU sur les frappes aériennes contre l’Etat islamique en Syrie. «Nous comprenons les frappes en Irak, parce que le gouvernement irakien était d’accord, mais la situation est bien différente en Syrie», a précisé le président de la Confédération à propos de l’opération militaire menée par les Etats-Unis à la veille de l’ouverture de l’Assemblée générale des Nations Unies. «Cette décision de frapper l’Etat islamique n’est pas une surprise, mais elle pose problème au niveau du droit international».

Le conseiller fédéral qui prendra la parole ce mercredi dans le cadre du débat de l’Assemblée générale de l’ONU, a annoncé une hausse de 20 millions de francs de l’aide humanitaire helvétique en faveur des personnes victimes du conflit en Syrie. «Depuis le début de la crise, nous avons fait des dons de plus de 100 millions de francs», a poursuivi Didier Burkhalter. Le président de la Confédération a également apporté son soutien à la démarche de Barack Obama ce mercredi à l’ONU. Le président des Etats-Unis tentera d’y obtenir une résolution interdisant les voyages des djihadistes et sanctionnant les pays qui ne luttent pas contre ce fléau: «Nous pensons que le langage est ferme, mais c’est positif», a-t-il réagi. «Il faut que le message soit clair, car il y a danger».

Le rôle de l’Iran dans la campagne pour tenter d’éradiquer l’Etat islamique (EI) en Irak et en Syrie, fait débat. John Kerry, le Secrétaire d’Etat américain, a rencontré dimanche à New York Mohammed Javad Zarif, le chef de la diplomatie iranienne, pour parler de la lutte contre l’EI et des négociations sur le nucléaire iranien. «On ne résout pas les problèmes au Moyen-Orient sans l’Iran», a précisé Didier Burkhalter. «Le dialogue est très utile».

5 millions de francs pour la lutte contre le virus Ebola

La Confédération a aussi décidé mardi une hausse de l’aide humanitaire de 5 millions de francs pour pays touchés par le virus mortel Ebola en Afrique de l’Ouest. Au total, Berne a promis 9 millions de francs pour lutter contre ce fléau. La Suisse organisera en outre cette semaine avec le Ghana un événement à l’ONU s’inscrivant dans le cadre des efforts pour éradiquer le sida d’ici 2030.

La Suisse a une nouvelle fois l’intention de prôner une réforme du fonctionnement des Nations Unies cette semaine: «Nous aimerions que l’ONU concentre tous ses efforts sur ses actions sur le terrain et ne se perde pas dans les méandres de l’administration», a assuré Didier Burkhalter. Berne demande depuis longtemps que le droit de veto soit limité au Conseil de sécurité dans les cas de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.

Un engagement appuyé pour Genève

Didier Burkhalter est aussi à New York pour réaffirmer l’importance de Genève. Le président de la Confédération a rencontré mardi Ban Ki-moon, le Secrétaire des Nations Unies, et a souligné que Genève s’offrait au monde «comme un centre de gouvernance mondiale et pourrait le devenir encore plus à l’avenir».

Cet automne, l’Assemblée générale de l’ONU doit voter un crédit de planification détaillé du Palais des Nations qui mènera au vote du crédit de rénovation à la fin 2015. «Nous avons mis une stratégie sur pied pour Genève avec la ville et le canton», ajoute Didier Burkhalter. «Il y a la rénovation [du Palais des Nations], mais cela passe aussi par une amélioration du réseau et des think tanks qui travaillent à Genève. On a 173 missions [diplomatiques] à Genève donc pas encore autant qu’à New York. (…) On va aussi ouvrir prochainement la Maison de la Paix. Ce sont des pièces du puzzle. Je pense que Genève a toutes ses chances, mais il faut réussir chaque étape».

Un président «presque normal» à New York

Devenu célèbre sur le Web récemment grâce à un cliché le montrant sans gardes du corps sur le quai de la gare de Neuchâtel, Didier Burkhalter ne va pas pouvoir être à New York le «président normal» qu’il est en Suisse. «Je ne pense pas que je prendrai le métro car tout est réglé ici», dit-il en riant. «En février dernier, je me suis fait «enguirlander» par le service de sécurité parce que j’ouvrais la porte de la voiture moi-même. Ils m’ont dit: «Ce n’est pas possible de travailler avec vous dans ces conditions». Là, je suis obligé de prendre ces grosses limousines et d’obéir à sécurité américaine!»

(24 heures)