An 12 du naufrage du Joola : La Casamance toujours orpheline (Par Paul Faye)

 

26 septembre 2002, 26 septembre 2014, douze ans jour pour jour que la plus grande catastrophe maritime de l’histoire se produisait au large des eaux gambiennes. Le navire le Joola avec à son bord plus de deux mille passagers se noyait ce jour là au fond de l’océan : mille huit cent-soixante trois (1863) personnes y ont trouvé la mort.

 

A partir de ce jour, le Sénégalais le moins conscient pensait que l’autorité publique ne tolérerait plus le moindre comportement qui pourrait occasionner une catastrophe similaire. Mais « tey la walo guena ay », les choses s’empirent. L’inconscience, l’insouciance, l’intolérance sont toujours érigées en règle de conduite. Les pouvoirs publics prennent des décisions qui font feu de paille. Et comme les Sénégalais sont adeptes du vieux dicton qui dit que « Chasser le naturel, il revient au galop », la pagaille, l’insoumission à la règle deviennent la chose la mieux partagée.

 

La Casamance qui a payé le plus lourd tribut dans cette catastrophe mondiale avait retenu l’attention de tous les dirigeants de l’époque. Mais malheureusement, leur objectif était de panser la plaie dans des discours politiciens, dans des projets qui n’étaient que des éléphants blancs. On a promis deux bateaux, un avion, des routes praticables, une indemnisation des victimes, la prise en charge gratuite des enfants des disparus. Qu’est-ce qui a été fait de tout cela ? Douze ans après, les revendications sont toujours les mêmes. Qui se moque de qui ? En tout cas, la Casamance dont tout le monde pensait qu’elle allait profiter de cette situation malheureuse pour décoller, s’enlise davantage.

 

Un pont sur le fleuve Gambie reste toujours un rêve utopique. Une route de contournement reste toujours un rêve utopique. Un vol régulier entre Dakar et Ziguinchor, un rêve utopique. Quant à une route praticable, l’axe Fatick-Kaolack et l’axe Nioro-Keur Ayib brisent tous les rêves. Concernant le renouvellement du parc automobile, des cercueils roulants continuent de tuer plus que le Joola. Pour le contrôle de la charge, la corruption compromet tout sur la route. A Dieu rêve, c’est le stade des illusions perdues.