MEMOIRE-ANNIVERSAIRE ”Le Joola” : plaidoyer pour l’érection d’un mémorial

 

Hubert Sagna, journaliste et co-auteur d’un recueil de nouvelles consacré au naufrage du bateau ”Le Joola”, a exhorté l’Etat du Sénégal à ériger un mémorial qui servirait de lieu de pèlerinage et de recueillement aux parents des victimes de cette catastrophe maritime.

“Il faut ériger un mémorial à l’intention des naufragés. Une place des naufragés, c’est bien, mais un mémorial à la dimension de la catastrophe, c’est encore mieux”, a-t-il estimé dans un entretien accordé à l’APS. 

Intitulé ”Mo-Rom ou Sept nouvelles sur le naufrage du bateau Le Joola”, ce recueil dont Hubert Sagna est co-auteur, a été publié en septembre 2004, sous l’encadrement des écrivains Sokhna Benga et du professeur Marouba Fall.

Le bateau “Le Joola”, qui assurait la liaison maritime Dakar-Ziguinchor, a sombré au large des côtes gambiennes dans la nuit du 26 au 27 septembre 2002, faisant 1863 victimes, selon un bilan officiel. Une soixantaine de personnes a survécu à cette catastrophe maritime.

La commémoration du dixième anniversaire du naufrage de ce ferry sera marquée vendredi par des prières et des recueillements.

A Ziguinchor, la cérémonie se tiendra dans la sobriété, au cimetière de Kantène, où reposent quelques unes des victimes, et au Port de Ziguinchor, en présence d’une délégation gouvernementale.

Selon Hubert Sagna, actuel correspondant du quotidien sénégalais Enquête à Ziguinchor, les familles de la victime aussi bien sénégalaises que françaises avaient à l’époque émis l’idée d’un mémorial devant être érigé à 500 mètres des côtes de Kafountine, dans le département de Bignona.

“Le plan consistait à tirer l’épave et à verser le contenu dans (une fosse commune) et à y ériger un mémorial où devrait être inscrit les noms de toutes les victimes”, a-t-il dit. L’érection d’un mémorial à Kafountine pourrait servir de lieu de pèlerinage et de recueillement aux parents des victimes.

“Un tel lieu pourrait contribuer au soulagement des parents des victimes. Mais, malheureusement, je ne crois pas que l’Etat soit dans cette logique. L’ancien président Abdoulaye Wade n’était pas dans cette logique. Et son successeur Macky Sall ne l’a jamais évoqué”, a-t-il souligné.

“Après avoir indemnisé les victimes, après avoir pris en charge les pupilles de la République, l’Etat doit aujourd’hui aller dans le sens d’ériger un mémorial digne de ce nom”, pour marquer “l’ampleur de la catastrophe”, a dit le correspondant du quotidien Enquête à Ziguinchor.

Hubert Sagna est d’avis que les responsabilités des acteurs concernés par ce drame doivent être situées, en vue de sanctions pénales ou administratives, afin que pareille catastrophe soit évitée à l’avenir.

“Il y a eu de toutes les façons une négligence coupable dans cette affaire. Il fallait montrer au Sénégal que toute négligence peut coûter cher au pays”, a dit le journaliste. Il a expliqué que le classement sans suite, en France et au Sénégal, du dossier judiciaire relatif à cette catastrophe, relevait de la raison d’Etat.

“Il faut que le sens de responsabilité anime tous les jours que Dieu fait, les Sénégalais. Les serviteurs de l’Etat du Sénégal qui assument des fonctions doivent en toutes circonstances et en toutes causes avoir le sens de des responsabilité”, a-t-il suggéré.

Le journaliste a aussi évoqué un “dialogue de sourds” entre le gouvernement sénégalais et les familles des victimes, s’agissant notamment de la promesse des pouvoirs publics de réaliser des infrastructures pour désenclaver la région naturelle de la Casamance en lieu et place de la construction d’un mémorial pour les disparus.

ASB/BK