
Les insurgés avaient multiplié les gains cet été dans différentes provinces afghanes, en exploitant la crise politique à Kaboul sur les résultats de l’élection présidentielle du 14 juin marquée par des fraudes importantes.
La dernière série d’attaques des insurgés s’est concentrée dans le district d’Ajristan de la province orientale de Ghazni, après des offensives dans les provinces de Helmand, de Kandahar et du Logar.
Dans ce district, «les insurgés ont décapité 12 civils dans quatre villages», a déclaré le vice-gouverneur de la province de Ghazni, Mohammad Ali Ahmadi ce vendredi 26 septembre. «Nous n’avons pas de bilan détaillé, mais nous estimons qu’entre 80 et 100 personnes ont été tuées au cours de la dernière semaine» au cours de cette offensive, a-t-il ajouté, précisant que des centaines de talibans avaient pris part à ces combats contre les forces afghanes.
«A l’heure actuelle, la situation est vraiment critique dans ce district. Le gouvernement central nous a dit qu’il avait envoyé des renforts», a ajouté Ahmadi, ce que le numéro deux de la police de Ghazni, Asadullah Ensafi a confirmé.
Les talibans afghans, au pouvoir à Kaboul de 1996 à 2001, multipliaient alors les exécutions publiques. Au cours des dernières années, ils ont aussi décapité de nombreux civils, dont 17 villageois lors d’une fête en 2002 dans le Helmand, et des personnes soupçonnées d’espionnage.
Cette offensive intervient en pleine transition politique à Kaboul avec l’annonce, dimanche, de la victoire de l’économiste Ashraf Ghani lors de la présidentielle de juin et de la formation d’un gouvernement d’union nationale avec son rival Abdullah Abdullah qui dénonçait jusque là des fraudes massives.
La commission électorale n’avait pas chiffré dimanche le score final de Ashraf Ghani au terme d’un audit des quelques huit millions de bulletins déposés dans les urnes lors du second tour de l’élection.
Mais vendredi, lors d’une cérémonie à Kaboul au cours de laquelle elle a remis à Ashraf Ghani une plaque attestant de sa victoire, la commission a indiqué que ce dernier avait obtenu 55,27% des suffrages tout en suggérant que des centaines de milliers de vote frauduleux avaient été annulés au cours de l’audit.
«La transition politique a été un succès pour la Nation et nous pouvons désormais aller de l’avant», a néanmoins déclaré Ashraf Ghani, un ex-cadre de la Banque mondiale, appelant les investisseurs à ne pas craindre l’Afghanistan et félicitant le président sortant Hamid Karzaï, seul homme à avoir dirigé l’Afghanistan depuis la chute des talibans fin 2001.
La passation des pouvoirs est prévue lundi lors de la prestation de serment de M. Ghani au palais présidentiel à Kaboul.
Son futur gouvernement d’union nationale, mené en partenariat avec l’équipe de M. Abdullah, aura la lourde tache de stabiliser le pays au terme de la mission de l’Otan (Isaf). «Il ne s’agit pas d’un partage du pouvoir, mais bien d’un partage des devoirs», a d’ailleurs souligné vendredi Ashraf Ghani.
L’Isaf, qui compte aujourd’hui 41’000 soldats, dont 29’000 Américains, a prévu de retirer toutes ses troupes de combat du pays d’ici la fin de l’année, après 13 ans de présence qui n’ont pas permis de vaincre la rébellion menée par les talibans.
Une force plus modeste de quelque 12’000 soldats étrangers, en très grande majorité américains et chargés en principe de soutenir et former les forces locales face à la rébellion, devrait toutefois rester dans le pays après 2014.
Or les talibans afghans, conviés par le passé à des pourparlers, exigent, eux, le départ de l’ensemble des forces étrangères en préalable à des discussions de paix. Et cette semaine, ils ont qualifié MM. Ghani et Abdullah de «nouveaux employés américains au gouvernement de Kaboul».
(afp/Newsnet)