
A Hong Kong, les forces de l’ordre ont fait usage ce dimanche 28 septembre de gaz lacrymogènes contre les manifestants pour la démocratie.
Mais les militants semblaient déterminés à obtenir de Pékin davantage de libertés politiques. Ils ont bravé la mise en garde du chef de l’exécutif de la «région administrative spéciale» chinoise.
Leung Chun-ying avait appelé un peu plus tôt la population à se tenir à l’écart des «manifestations illégales». Il avait annoncé qu’il agirait avec «détermination» contre le mouvement Occupy Central with Love and Peace (OCLP), principale organisation pro-démocratie qui conteste les procédures électorales décidées à Pékin.
Cet appel n’a pas empêché les protestataires d’envahir une importante voie de circulation et de paralyser une partie du centre de la ville. Ils dénonçaient la décision de Pékin de limiter la portée du suffrage universel dans l’ancienne colonie britannique, passée sous tutelle chinoise en 1997.
Des dizaines de milliers de personnes étaient présentes. Les policiers ont tiré à deux reprises plusieurs salves de gaz lacrymogènes, fait extrêmement rare à Hong Kong. Les manifestants ont également essuyé des jets de gaz au poivre.
Ils venaient de forcer un cordon de police mis en place autour des bâtiments abritant le siège du gouvernement et du conseil législatif de Hong Kong pour empêcher d’autres militants de venir gonfler leurs rangs. Les manifestants campent depuis plusieurs jours devant ces édifices officiels.
Circulation paralysée
«Honte, honte, honte!», ont crié les manifestants. Ils tentaient désespérément de se protéger des épais nuages de gaz à l’aide de parapluies, de bâches en plastique et de film alimentaire avec lequel ils s’étaient enveloppé le visage.
«Nous avons le droit de rester ici et de protester», a commenté Ryan Chung, un lycéen de 19 ans. «Le monde doit savoir ce qui se passe à Hong Kong. Ils doivent savoir que nous voulons la démocratie mais que nous ne l’obtenons pas». La circulation automobile était paralysée.
Près de 80 arrestations
La police a fait état en fin de journée de 78 arrestations. Par ailleurs, 26 blessés ont été soignés dans des hôpitaux.
Ces scènes très inhabituelles dans l’ancienne colonie britannique sont venues ponctuer une semaine de manifestations animées par les étudiants en grève. Dimanche, Occupy Central a décidé de se jeter officiellement dans la bataille.
Cette coalition dirigée par deux universitaires et un prêtre menaçait d’occuper et de paralyser Central, le quartier des affaires de la ville dont les gratte-ciel sont devenus l’emblème. Cette action devait initialement commencer mercredi 1er octobre.
Mais devant la mobilisation estudiantine, Occupy Central a décidé de devancer l’appel. Il a demandé à ses partisans de rejoindre le siège du pouvoir local, «comme point de départ» de son mot d’ordre d’occupation.
«Mettre à genoux le gouvernement»
Pékin a annoncé en août que le futur chef de l’exécutif local serait bien élu au suffrage universel dès 2017. Mais seuls deux ou trois candidats sélectionnés par un comité seront habilités à se présenter au scrutin.
Occupy Central réclame «le retrait» de la décision de Pékin et «une relance du processus de réformes politiques». «Nous exigeons que le gouvernement du chef de l’exécutif, Leung Chun-ying, présente au gouvernement central un nouveau rapport sur les réformes politiques qui reflète pleinement les aspirations à la démocratie du peuple de Hong Kong», a dit Occupy.
En cas de refus, le «mouvement s’intensifiera», prévient-il. «Notre but est de mettre à genoux le gouvernement», a lancé le leader étudiant Wong Hon-leung.
Tournant dans la campagne
Pour l’analyste Sonny Lo, cette campagne vient de marquer un tournant. «A partir de maintenant, il va y avoir plus de confrontations, peut-être violentes, entre la police et les citoyens», a-t-il dit. Mais Pékin maintient sa position et il est difficile de voir une issue au conflit, a-t-il souligné.
Dimanche, Pékin s’est dit certain que les autorités de Hong Kong étaient en mesure de faire face à la situation. Hong Kong a été rétrocédé à la Chine par Londres en 1997. Elle jouit d’un statut spécial.(ats/Newsnet)