SYRIE: Al-Nosra menace de «déplacer la bataille» en Occident

 

Appelant les peuples d’«Amérique et d’Europe» à s’opposer à leurs gouvernements et les menaçant de «déplacer la bataille» dans leurs «foyers», le chef d’Al-Nosra, branche syrienne d’Al-Qaïda, a prévenu ce dimanche 28 septembre les Occidentaux: «Vos dirigeants ne paieront pas seuls le prix de la guerre, vous allez payer le prix cher.»

Abou Mohammad al-Joulani s’exprimait dans un enregistrement sonore diffusé sur internet au lendemain de menaces proférées par son porte-parole.

«Qu’avez-vous gagné de votre guerre contre les musulmans et les djihadistes si ce n’est tragédies et douleurs qui se sont abattues sur vos pays et enfants ?», a-t-il dit, faisant en référence à la mort de soldats en Irak et en Afghanistan et de civils lors des attentats du 11-Septembre.

Les États-Unis ont lancé le 8 août une campagne de frappes aériennes sur l’Irak qu’ils ont étendues mardi à la Syrie en ciblant notamment des positions d’Al-Nosra et des membres de Khorassan, un groupuscule lié à Al-Qaïda dont le chef présumé aurait été tué.

Tuer des citoyens des pays de la coalition

Le porte-parole du Front Al-Nosra avait menacé samedi de représailles «dans le monde entier» les pays de la coalition anti-jihadiste, qualifiant leurs opérations de «guerre contre l’islam» et fustigeant «un axe du mal» dirigé par «le pays des cowboys».

La semaine dernière, un porte-parole de l’EI avait appelé les musulmans à tuer des citoyens des pays de la coalition, provoquant l’indignation de responsables musulmans, notamment au Royaume-Uni et en France, un pays encore sous le choc de la décapitation d’Hervé Gourdel, enlevé en Algérie par un groupe rallié à l’EI.

Le président américain Barack Obama a admis dimanche que les États-Unis avaient sous-estimé le fait que le chaos en Syrie pourrait fournir un terrain propice à l’émergence de groupes djihadistes aussi dangereux que l’EI.

S’exprimant sur la chaîne CBS, il a qualifié la Syrie de «Ground Zero pour les djihadistes à travers le monde». «Le chef de nos renseignements a reconnu qu’ils avaient sous-estimé ce qui se passait en Syrie», a-t-il dit.

Installations d’hydrocarbures visées

En visant des installations d’hydrocarbures contrôlées par l’EI, qui achemine du pétrole en contrebande notamment vers la Turquie voisine selon des experts, la coalition veut frapper cette organisation au portefeuille.

«L’EI raffinait du pétrole de manière artisanale et le vendait à des commerçants turcs. La coalition veut ainsi détruire l’économie de l’EI, le nerf de la guerre», a ainsi expliqué le directeur de l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane.

Avant l’opération initiée par les Etats-Unis, les djihadistes gagnaient quelque 3 millions de dollars de revenus par jour grâce à l’or noir, selon des experts. Mais, depuis le début des frappes, le pompage dans les champs sous leur contrôle a pratiquement cessé.

D’autres raids avaient endommagé samedi «un aéroport tenu par l’EI, une garnison et un camp d’entraînement près de Raqa», le fief du groupe extrémiste sunnite, selon la même source.

Malgré les frappes, les djihadistes de l’EI poursuivent leur offensive pour s’emparer de la ville kurde d’Aïn al-Arab (Kobané en kurde).

Les derniers combats ont poussé plusieurs centaines d’habitants à se réfugier en Turquie voisine, qui accueille déjà plus de 160’000 personnes ayant fui la région d’Aïn al-Arab.(afp/Newsnet)