
Le groupe Etat islamique (EI) a revendiqué, vendredi 3 octobre, la décapitation d’un quatrième otage, le travailleur humanitaire britannique Alan Henning, en représailles aux frappes aériennes britanniques contre l’EI en Irak, et il menace d’en exécuter un autre. La vidéo de l’exécution, diffusée par le centre américain de surveillance des sites islamistes SITE, est intitulée «un nouveau message à l’Amérique et à ses alliés». Elle a été réalisée selon le même scénario que lors des exécutions précédentes de deux Américains et d’un Britannique. «Des terroristes barbares et repoussants» Alan Henning, 47 ans, y est vêtu de la même tenue orange que les victimes précédentes, qui rappelle les tenues des prisonniers de Guantanamo. Il ne prononce qu’une brève phrase avant que son bourreau, vêtu de noir et le visage masqué comme les fois précédentes, ne reprenne la parole pour accuser le parlement britannique d’être responsable de sa mort. «Le meurtre brutal d’Alan Henning par l’Etat islamique ne fait que montrer à quel point ces terroristes sont barbares et repoussants», a réagi le Premier ministre britannique David Cameron, ajoutant que ses pensées allaient à l’épouse et aux enfants du travailleur humanitaire. «Affaiblir et à terme détruire l’EI» De son côté, le président américain Barack Obama a condamné le «meurtre brutal» d’Alan Henning et promis «de continuer à prendre des actions décisives pour affaiblir et à terme détruire l’EI», aux côtés des pays de la coalition. «Alan était parti en Syrie pour acheminer de l’aide à des personnes de toutes confessions qui en avaient besoin. Le fait d’avoir été pris en otage au moment où il était en train de vouloir aider les autres, et maintenant d’avoir été assassiné, montre que la perversion de ces terroristes de l’Etat islamique est sans limites», a ajouté le Premier ministre. Le président français François Hollande s’est dit «indigné» du «crime odieux» perpétré sur l’otage. «Ce crime, comme les précédents, ne restera pas impuni», a averti François Hollande dans un communiqué. Le bourreau semble être le même Les Britanniques ont rejoint la coalition menant des frappes en Irak après le feu vert donné par le parlement le 26 septembre. Le bourreau, dont la voix semble avoir été altérée électroniquement, a néanmoins un accent britannique et semble être le même, selon SITE, que celui qui a assassiné l’otage britannique David Haines mi-septembre. A la fin de cette vidéo, qui ne dure qu’une minute et onze secondes, le groupe EI présente un autre otage américain, Peter Kassig, et menace d’en faire sa prochaine victime. A la frontière turque Les islamistes de l’organisation EI poursuivaient par ailleurs le siège de la ville de Kobané, où les forces kurdes syriennes opposaient une résistance désespérée. «Nous ferons tout ce que nous pourrons pour que Kobané ne tombe pas», a affirmé le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu au lendemain du feu vert du Parlement turc à une action militaire contre l’EI en Syrie comme en Irak et au stationnement sur son sol de troupes étrangères. Si Ahmet Davutoglu a cependant ajouté qu’«aucune décision n’a été prise sur une éventuelle action militaire», la Syrie a jugé que «la politique déclarée» du gouvernement turc représentait «une véritable agression». 186’000 personnes ont trouvé refuge en Turquie Ankara s’inquiète de la situation dans la troisième ville kurde syrienne, toute proche de la Turquie, où l’offensive lancée il y a plus de deux semaines par l’EI a contraint plus de 186’000 personnes à trouver refuge de l’autre côté de la frontière. La ville, appelée Aïn al-Arab en arabe, a vécu son bombardement le plus violent depuis le début de l’assaut djihadiste, , avec au moins 80 obus de mortier tirés par l’EI, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). La milice kurde se défend tant bien que mal Depuis plusieurs jours, les djihadistes se sont rapprochés à partir de trois axes de Kobané, défendue tant bien que mal par des membres des Unités de protection du peuple (YPG, principale milice kurde), inférieurs en nombre et moins bien armés. Dans la soirée, la chaîne d’information CNN-Türk a rapporté plusieurs frappes de la coalition contre des positions de l’EI autour de Kobané. Des Tchétchènes prennent part aux combats Fort de dizaines de milliers d’hommes recrutés notamment à l’étranger –un groupe de Tchétchènes fait ainsi partie de ceux qui assiègent Kobané selon l’OSDH–, l’EI contrôle déjà de vastes régions en Syrie, pays ravagé par plus de trois ans de guerre civile, et en Irak voisin. La prise de Kobané, où il ne resterait plus que quelques milliers de civils, permettrait au groupe extrémiste de contrôler sans discontinuité une longue bande de territoire frontalière de la Turquie. L’armée irakienne regagne du terrain En Irak, l’armée a gagné du terrain vendredi en reprenant Dhoulouiya, au nord de Bagdad, où des combats font rage depuis quatre mois entre djihadistes et forces gouvernementales alliée à des tribus sunnites, selon le porte-parole du ministère de la Défense, Mohammed al-Askari. Des combattants tribaux ont cependant indiqué que la ville n’était pas entièrement libérée. Toujours au nord de la capitale, l’armée irakienne est également parvenue à reprendre une dizaine de villages, mais a été mise en échec à l’ouest de Bagdad par les djihadistes qui ont pris le contrôle d’une partie de la ville de Hit dans la province d’Al-Anbar, où l’emprise des forces gouvernementales ne cesse de diminuer. Offensive fulgurante Le porte-parole du ministère de la Défense irakien a aussi rapporté la perte d’un hélicoptère, abattu dans la région de Baiji, à 200 kilomètres au nord de Bagdad. Depuis son offensive fulgurante en juin au nord de Bagdad, l’EI s’est emparé de larges secteurs de cinq provinces, dont la deuxième ville du pays Mossoul, devenu le quartier général des djihadistes .(afp/Newsnet)