Trois vaccins russes contre Ebola prêts d’ici à six mois

 

La Russie pourra fournir trois vaccins contre le virus Ebola d’ici à six mois, a assuré samedi la ministre russe de la Santé, Veronika Skvortsova, alors que l’épidémie a déjà fait plus de 4000 morts selon l’Organisation mondiale de la santé.

«Nous avons créé trois vaccins (…) et nous pensons qu’ils seront prêts dans les six prochains mois», a indiqué la ministre russe à la télévision selon l’agence de presse Ria Novosti.

«L’un est déjà prêt pour un essai clinique», a-t-elle ajouté, précisant que l’un des vaccins avait été créé à partir d’une souche inactive du virus.

Aucun vaccin ni traitement homologué n’existe

Alors que la panoplie des médicaments antiviraux expérimentaux s’étoffe, l’OMS a fait état de deux vaccins «prometteurs»: l’un développé par la firme britannique GSK (GlaxoSmithKline) et l’autre développé par l’agence de santé publique du Canada à Winnipeg, dont la licence de commercialisation est détenue par la société américaine NewLink Genetics.

Des essais cliniques du vaccin de la firme GSK ont récemment débuté au Mali, pays africain limitrophe de la Guinée.

L’OMS espère de premiers résultats des essais sur ces deux vaccins en novembre-décembre et le début d’essais de phase 2 (permettant d’évaluer l’efficacité du vaccin) dans les pays touchés dès janvier-février.

Aucun vaccin ni traitement homologué n’existe pour l’instant contre le virus, qui se transmet par contact direct avec des fluides corporels, d’où un très fort risque de contamination pour les soignants et les proches des malades.

Des étudiants sous surveillance

La Russie, qui n’a fait état d’aucun cas d’infection sur son territoire, a envoyé fin août une équipe de virologues et un laboratoire mobile pour aider à lutter contre l’épidémie en Guinée.

«Depuis mars, nous avons mis en place dans notre pays un régime de protection contre le virus Ebola. En juillet, ce régime est passé au niveau supérieur», a expliqué la ministre russe.

Selon elle, 71 aéroports russes sont dotés de caméras thermiques afin de dépister les premiers signes de contamination par le virus.

«Fondamentalement, (le virus) vient d’Afrique de l’Ouest. Par conséquent, tous les étudiants d’Afrique de l’Ouest dans les universités russes, et c’est plus de 450 personnes, sont sous surveillance constante», a-t-elle ajouté.

Comme un embargo économique

Cette nouvelle devrait réjouir les autorités des pays touchés par l’épidémie alors que le ministre sierra-léonais des Finances Kaifala Marah s’inquiète des conséquences sur l’économie. «Par défaut ou volontairement, c’est vraiment un embargo économique. Que cela nous plaise ou non, c’est la réalité sur le terrain», a déclaré le ministre à Washington lors des réunions d’automne du FMI et de la Banque mondiale.

Selon lui, l’épidémie qui a tué plus de 4000 personnes en Afrique de l’Ouest affecte plusieurs secteurs économiques (construction, mines…) et le transport aérien qui va «stagner» et «étrangler» l’ensemble de la sous-région, a affirmé le ministre. «Tout le monde fuit Ebola», a-t-il ajouté.

Selon la Banque mondiale, l’épidémie pourrait coûter plus de 32 milliards de dollars à l’Afrique de l’Ouest d’ici fin 2015.

«Les avancées réalisées sont perdues»

«Les recettes ont chuté dramatiquement et (…) les dépenses continuent de flamber parce que notre budget ne prévoyait pas de devoir répondre à Ebola», a déclaré M. Marah dont le pays est, avec la Guinée et le Liberia, le plus durement touché.

Emergeant de plusieurs années de guerre civile, la Sierra Leone prévoyait jusque-là 11,3% de croissance économique cette année mais a dû considérablement revoir ses attentes à la baisse, a indiqué le ministre.

«Toutes les avancées que nous avons réalisées sont perdues», a-t-il poursuivi, déplorant la réponse «tardive» de la communauté internationale.

(smk/afp/Newsnet)