
Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a annoncé dimanche qu’il se rendra à Gaza mardi, en marge d’une conférence internationale au Caire de pays donateurs pour la reconstruction de Gaza
La veille, lundi, M. Ban aura des entretiens avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président Reuven Rivlin à Jérusalem, ont indiqué les services officiels israéliens.
Reprendre les négociations
«Je vais visiter Gaza mardi pour écouter directement les gens de Gaza», a déclaré M. Ban lors d’une conférence de presse au Caire. Tout comme les Etats-Unis et l’Union européenne, M. Ban a appelé dimanche Israéliens et Palestiniens à reprendre leurs négociations de paix qui avaient échoué en avril.
Les entretiens de lundi se dérouleront dans un climat de tensions exacerbées entre Israël et l’ONU après la guerre dans la bande de Gaza cet été.
Un milliard du Qatar
La communauté internationale a commencé à promettre dimanche au Caire des millions de dollars pour reconstruire Gaza mais, au diapason des Etats-Unis, elle exige des Israéliens et des Palestiniens qu’ils reprennent sérieusement les négociations de paix.
Le Qatar a promis de très loin la plus grosse contribution pour aider la bande de Gaza, ravagée par 50 jours de guerre cet été, avec 1 milliards de dollars. Washington a pour sa part annoncé une aide immédiate de 212 millions sur un total de 400 millions de dollars en un an, et l’Union européenne une somme globale de 450 millions d’euros pour 2015.
Le secrétaire d’Etat américain John Kerry s’est montré très ferme lors de cette conférence internationale des donateurs: la communauté internationale est prête à financer mais plus question de se contenter de cessez-le-feu. Il faut reprendre les négociations de paix qu’il avait impulsées en 2013 avant qu’elles n’échouent en avril, a-t-il insisté.
Le même ton a été adopté par l’ONU et les pays de l’Union européenne, préoccupées par d’autres guerres dans la région, notamment contre les djihadistes de l’Etat islamique. Ils sont aussi lassés comme le reste du monde par près de sept décennies d’un conflit israélo-palestinien dont le dernier avatar sanglant, en juillet et août, a tué près de 2200 personnes dans la bande de Gaza et 73 Israéliens.
La paix exigée
L’Autorité palestinienne réclame 4 milliards de dollars d’aide à la communauté internationale pour reconstruire l’enclave qui a connu trois guerres en six ans.
Tout en promettant une «aide immédiate» américaine, M. Kerry a tapé le premier du poing sur la table. «Un cessez-le-feu, ce n’est pas la paix. Nous devons nous rasseoir à la table (des négociations) et aider les parties à faire des choix difficiles, de vrais choix», a-t-il lancé fermement.
«Ces choix dépassent un simple cessez-le-feu parce que même le cessez-le-feu le plus durable ne peut remplacer la paix, même le cessez-le-feu le plus durable ne peut remplacer la sécurité pour Israël et un Etat et leur dignité pour les Palestiniens», a ajouté M. Kerry dans un vibrant appel lancé devant une trentaine d’autres chefs de la diplomatie et représentants d’une cinquantaine de pays et organisations internationales.
«Gaza reste une poudrière»
Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, lui aussi d’un ton ferme, lui a emboîté le pas. «Gaza reste une poudrière» et ses habitants «ont désespérément besoin de voir des résultats dans leur vie quotidienne», a-t-il lancé.
«Vous devez comprendre le niveau de frustration (…) Comme secrétaire général, je suis très en colère» de la situation, a-t-il ajouté.
Et de rappeler qu’«en 2009, la communauté internationale s’était déjà réunie» en Egypte pour la reconstruction de Gaza. «Nous sommes à nouveau ici» et «le cycle construction-destructions se poursuit, il empire», a-t-il regretté.
Puis ce fut Catherine Ashton, la chef de la diplomatie de l’Union européenne, pour qui «cela doit être la dernière fois que l’on appelle la communauté internationale à reconstruire Gaza». «On ne peut pas retourner au statu quo ante qui s’est révélé intenable (…) Il faut une solution politique pour Gaza dans le cadre plus large de discussions entre Palestiniens et Israéliens sur la solution à deux Etats (…), la seule véritable solution à ce conflit».
Israël pas invité
Mais la perspective d’une relance des négociations a été fraîchement accueillie par le ministre des Affaires étrangères d’Israël, qui n’avait pas été invité au Caire.
«Il faut voir dans quel cadre et sur quels points porteraient ces négociations. Si elles ne portent que sur les exigences palestiniennes alors c’est peine perdue», a tranché Avigdor Lieberman, dont le pays maintient toutes ses exigences, notamment le désarmement des combattants des islamistes du Hamas qui dirigent de facto Gaza.
(smk/afp/Newsnet)