
«La première fois que j’ai réalisé l’impact des nouvelles technologies, c’était au Liban en 2006, lorsque la guerre a éclaté. En quelques heures, nous avons reçu une vague d’appels au secours: c’était très dur, car nous n’étions pas prêts.»
Juan Luis Coderque Galligo est l’organisateur pour le CICR du Global Partnership for Humanitarian Impact and Innovation, une plate-forme dont le lancement a eu lieu jeudi à Lausanne. Lors d’ateliers et de conférences, les participants ont tenté d’esquisser des solutions aux nouveaux challenges d’un monde hyperconnecté, que ce soit en cas de guerre ou de catastrophe naturelle.
«Internet et les nouvelles technologies ont révolutionné notre approche. Nous devons gérer un flux d’information sans précédent lors de situations de crise», explique-t-il. Car, aujourd’hui, les populations ne sont plus passives en cas de conflits. Elles publient des photos et des témoignages sur les réseaux sociaux pour appeler à l’aide.
Avalanche de tweets
En 2012, pendant l’ouragan Sandy, 3 millions de tweets ont ainsi été envoyés en vingt-quatre heures. «Le problème est de trier cette avalanche d’informations pour savoir comment agir», relève Jean-Yves Clémenzo, porte-parole du CICR pour l’Afrique de l’Est. Pour cibler les actions à effectuer, un important travail de veille numérique est réalisé au siège du CICR à Genève par une équipe d’une quinzaine de personnes. Elles analysent les données et fournissent des rapports quotidiens pour seconder l’action des humanitaires sur le terrain.
Un travail qui ne se limite pas aux pays les mieux connectés du globe. «Dans les régions où la population n’a qu’un accès très restreint à internet, comme en Erythrée, en Éthiopie ou au Tchad, les informations circulent au compte-gouttes. Ce qui est publié sur le web par les membres de la diaspora, les humanitaires et les journalistes nous est alors très précieux», indique Juan Luis Coderque Galligo.
Mais la présence du CICR sur les réseaux sociaux expose aussi les humanitaires à des campagnes de propagande et de désinformation. «Notre présence sur le terrain est capitale pour vérifier toutes nos informations, mais nous sommes parfois directement visés», explique Jean-Yves Clémenzo. En 2012, lorsque le CICR a dû arrêter la distribution de nourriture en Somalie, les shebab ont écrit des messages virulents sur Twitter pour dénigrer l’organisation. Qui décide de ne pas répondre. «Nous avons choisi de donner notre position dans un communiqué plutôt que de répondre sur Twitter. Il est parfois délicat de savoir comment réagir, mais nous devons garder à l’esprit que le but est d’aider les gens sur le terrain et donc de privilégier le dialogue.»
(24 heures)