
L’ONU a reçu jusqu’ici 377 millions de dollars sur les 988 millions demandés, soit 38,1%, a affirmé ce vendredi 17 octobre Jens Laerke, porte-parole du Bureau des Affaires humanitaires de l’ONU, qui centralise les donations à Genève.
«Il faut y ajouter 217 millions de dollars promis, mais qui ne sont pas encore arrivés sur les comptes bancaires», a-t-il précisé. Il peut y avoir des retards dans l’acheminement des fonds, a-t-il expliqué.
Les principaux donateurs sont dans l’ordre la Banque mondiale (105 millions), les Etats-Unis (90 millions), la Banque africaine de développement (45 millions) et des dons de privés et d’individus pour 34 millions. La Suisse a versé trois millions de dollars, a indiqué M. Laerke.
PAM et OMS
Dans cet appel commun à toutes les agences de l’ONU et leurs partenaires, le Programme alimentaire mondial (PAM) a demandé 180 millions. Il a reçu jusqu’ici le 53% de cette somme, a affirmé sa porte-parole à Genève Elisabeth Byrs.
Le PAM gère en particulier la logistique des opérations et distribue de la nourriture dans les zones les plus touchées en Guinée, au Libérai et au Sierra Leone.
Les fonds demandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) dans le cadre de l’appel de près d’un milliard de l’ONU se montent à 260 millions. Elle en a reçu le 48%, soit 125 millions, avec 42 millions supplémentaires promis mais non encore versés.
L’argent ne suffit pas
La communauté internationale doit envoyer de toute urgence plus de personnels dans les zones frappées par le virus Ebola. L’aide financière ne suffit pas pour venir à bout de l’épidémie, estime Hugues Robert, de MSF Suisse, qui salue la volonté de la Suisse de dépêcher du personnel militaire sur place.
De nombreux Etats disposent d’équipes formées pour les engagements d’urgence, capables par exemple de mettre sur pied des hôpitaux mobiles en cas de catastrophes naturelles. Mais ils ne les envoient pas en Afrique, de crainte que leurs membres ne soient contaminés par Ebola, déplore le responsable des programmes Urgence de Médecins sans Frontières (MSF) Suisse dans un entretien à l’ats diffusé ce vendredi 17 octobre.
Les pays occidentaux apportent en revanche une aide financière. Mais cela ne suffit pas. «Les pays touchés ont besoin d’infrastructures pour accueillir les nombreux patients» et de personnes susceptibles d’aider sur place, comme des infirmiers, des ambulanciers ou du personnel chargé de désinfecter les maisons des malades.
La Suisse doit agir vite
Dans ce contexte, Hugues Robert salue la décision de la Suisse d’envoyer environ 90 militaires volontaires dans les pays touchés. Il y voit un pas important, qui doit toutefois être rapidement mis en oeuvre sur place.
Le responsable de MSF n’a pas de «recette» à donner pour faire bouger les Etats occidentaux. Selon lui, les discussions bilatérales menées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avec les différents gouvernements peuvent porter des fruits.
L’ONG mène, elle aussi, un travail de lobbying. «Il serait utile que la population en Europe s’engage dans la lutte contre Ebola et mette la pression sur ses gouvernements», affirme Hugues Robert.
Coopération nécessaire
M. Robert est chargé d’assurer la liaison entre les stratégies de MSF Suisse et les engagements sur le terrain. A ce titre, il s’est rendu dans le nord du Liberia il y a deux semaines pour évaluer le travail sur place et trouver des moyens d’être plus efficace.
Selon lui, les équipes sur place sont surchargées. Mais MSF ne peut simplement plus envoyer de personnel supplémentaire. Par conséquent, «nous essayons de collaborer étroitement avec les autres ONG et les organes étatiques» sur place.
Les collaborateurs de MSF forment ainsi leurs collègues d’autres ONG au contact des malades d’Ebola. En retour, ils profitent du réseau des organisations partenaires qui travaillent depuis longtemps dans certaines régions.
La collaboration avec les organes étatiques fonctionne maintenant très bien, ajoute Hugues Robert. Au début, en revanche, les gouvernements de Sierra Leone et de Guinée n’avaient pas reconnu l’étendue de l’épidémie, ce qui avait provoqué des difficultés dans l’aide.
Le personnel médical a peur
La peur du virus provoque par ailleurs de gros problèmes dans l’acheminement de l’aide, ajoute M. Robert. En Sierra Leone, par exemple, de nombreuses stations de soins dans les petits villages sont abandonnées parce que le personnel craint d’être contaminé.
Et dans un grand hôpital de la capitale libérienne Monrovia, seuls douze des 200 lits sont disponibles, car il n’y a pas de personnel soignant.
«De nombreux malades meurent, même si leur pathologie peut être soignée facilement. Il suffit qu’ils présentent des symptômes semblables à ceux d’Ebola, comme la fièvre, pour que personne ne veuille s’occuper d’eux», ajoute le responsable de MSF. Les femmes enceintes sont également en danger, car personne ne veut venir aider à l’accouchement.
Plus de 3000 personnes sur le front
Actuellement, 294 collaborateurs internationaux de MSF et quelque 2800 employés locaux sont engagés dans la lutte contre Ebola en Sierra Leone, en Guinée, au Liberia et dans la République démocratique du Congo (RDC). MSF a 540 lits à disposition.
L’ONG se concentre principalement sur le soin aux malades d’Ebola et la lutte contre la propagation de l’épidémie, explique M. Robert. Dès que quelqu’un présente des symptômes, il est isolé et examiné afin de déterminer s’il a réellement été contaminé par le virus.(ats/Newsnet)