
Le Premier ministre albanais Edi Rama est décidé à se rendre en Serbie en dépit des incidents qui ont conduit à l’arrêt du match de football Serbie-Albanie mardi 14 octobre au soir à Belgrade, mais la Serbie n’a pas encore tranché si cette visite était maintenue.
Les heurts mardi à Belgrade ont ravivé les tensions, faisant planer le doute sur le maintien de cette première visite d’un chef de gouvernement albanais en Serbie en 68 ans.
Décision en fin de semaine
«Edi Rama a confirmé qu’il est décidé à se rendre à Belgrade», a déclaré vendredi le Premier ministre adjoint albanais, Niko Peleshi.
«Malgré la déception causée par les incidents (de mardi) et la réaction des responsables serbes», Tirana souhaite le maintien de cette visite, a-t-il ajouté.
Mais à Belgrade, le Premier ministre Aleksandar Vucic, a fait savoir qu’il se donnait jusqu’à la fin de la semaine pour décider s’il allait autoriser cette visite.
Ils font semblant de n’avoir rien vu
«Je ne comprends pas les déclarations des responsables albanais qui font semblant de n’avoir rien vu, de ne pas savoir de quoi il s’agit alors que tout a commencé avec ce drapeau honteux représentant une carte de la ‘Grande Albanie’», a déclaré Aleksandar Vucic à la télévision d’État serbe (RTS).
L’arrêt définitif du match de qualification pour l’Euro-2016 (GrI)de football entre la Serbie et l’Albanie a viré à la crise politique, Belgrade et Tirana, dont les relations sont chroniquement difficiles depuis des décennies, se renvoyant la balle et exigeant chacun «une condamnation» de l’incident.
Une carte de la «Grande Albanie» sur un drone
En plein match, le stade avait été survolé par un drone auquel était accroché un drapeau avec une carte de la «Grande Albanie», projet nationaliste visant à regrouper dans un même État les communautés albanaises des Balkans.
Aleksandar Vucic a précisé que l’enquête sur cet incident avançait «très bien». «Nous savons comment ce drapeau est entré dans le pays et qui a contacté qui», a dit Aleksandar Vucic.
«Nous présenterons très vite à l’opinion publique des faits irréfutables sur la manière dont a été exécuté cet acte et sur sa très sérieuse planification dans le but d’humilier la Serbie et d’y provoquer des troubles», a-t-il poursuivi.
Une visite «dans l’intérêt des deux pays»
La Serbie, a conclu le Premier ministre, «veut croire en une Europe où vivent ensemble (…) des peuples qui se respectent. La ‘Grande Albanie’ n’apparait pas comme une idée très européenne».
Pour sa part, Tirana a fait valoir que cette visite était «dans l’intérêt de nos deux pays». «Mais bien sûr, il revient à la partie serbe de confirmer son engagement et sa volonté de garantir son bon déroulement», a ajouté Niko Peleshi.
L’Albanie «est résolument décidée à ne pas tomber dans le piège des actes de violence qui ont marqué le match de football et reste attachée à œuvrer pour la paix, la coopération et le dialogue entre les pays de la région», a déclaré de son côté le porte-parole du ministère albanais des Affaires étrangère Glevi Dervishi.
Amélioration des relations
La visite d’Edi Rama à Belgrade a été rendue possible par une amélioration des relations entre la Serbie et le Kosovo, ancienne province serbe à majorité albanaise qui a proclamé son indépendance en février 2008.
Un accord sur la normalisation des relations entre Belgrade et Pristina a été conclu à Bruxelles en mars 2013 sous la houlette de l’Union européenne que les deux anciens ennemis, de même que l’Albanie souhaitent intégrer.
(afp/Newsnet)