
Si un calme relatif régnait ce mercredi 22 octobre dans la journée à Donetsk, la principale ville ukrainienne aux mains des rebelles, des tirs d’artillerie y ont résonné toute la journée la veille et pendant la nuit de mardi à mercredi, tuant un civil et en blessant cinq, selon la mairie.
La mission d’observation de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) aux checkpoints de Gukovo et Donetsk, lancée le 29 juillet, va par ailleurs être prolongée d’un mois jusqu’au 23 novembre, annonce l’Organisation mercredi dans un communiqué. L’OSCE précise que le mandat des seize observateurs civils sur place ne change pas.
Ce alors que les forces ukrainiennes ont été accusées par l’organisation Human Right Watch d’utiliser des bombes à sous-munitions, interdites dans une grande partie du monde car très destructrices.
Si à Kiev un porte-parole militaire a de nouveau démenti ces affirmations mercredi, un chirurgien de l’hôpital Kalinine à Donetsk a montré à l’AFP des images d’une opération destinée à enlever à un blessé une fléchette venant d’un tel obus.
Le conflit, qui a fait selon l’ONU plus de 3700 morts, semble ainsi s’enliser sans que s’installe la paix promise par Petro Porochenko lorsqu’il avait été élu en mai dès le premier tour.
Législatives anticipées
Malgré tout, le président ukrainien aborde les législatives anticipées de dimanche en tête des sondages, comme l’a confirmé une enquête publiée mercredi par l’Institut de sociologie de Kiev et la fondation Initiatives démocratiques.
Le Bloc Petro Porochenko est crédité de 30,4% des intentions de votes des électeurs qui ont déjà fait leur choix. Il est suivi du Parti radical du populiste Oleg Liachko (12,9%), du Front populaire du Premier ministre Arseni Iatseniouk (10,8%), de Samopomitch (8,5%), principalement composée de militants de la société civile, et de Batkivchtchina (7,5%) de l’ex-Premier ministre Ioulia Timochenko, toutes des formations pro-occidentales.
Ce sondage ne concerne que 225 des 450 députés élus par liste. L’autre moitié est élue dans des circonscriptions pour lesquelles aucune projection n’a été publiée.
Un tiers d’indécis
Mais près d’un tiers des électeurs restent indécis. Cette incertitude pourrait jouer fortement sur les scores de ceux qui gravitent autour de la barre des 5% nécessaires à rentrer au Parlement, notamment deux formations composées de représentants de l’ancien parti prorusse de l’ex-président Viktor Ianoukovitch -qui avait remporté les législatives de 2012- mais aussi le Parti communiste.
S’il devra peut-être s’allier avec les autres partis pro-occidentaux, pour certains partisans d’une stratégie plus résolue dans l’Est, Petro Porochenko espère aussi consolider son pouvoir avec un soutien solide à la Rada, le Parlement ukrainien dont les pouvoirs ont été renforcés récemment.
Défis innombrables
Même favori, le président doit, et devra, affronter de nombreuses critiques. Une partie de l’opinion estime ainsi que le processus de paix lancé dans l’Est -reconnaissant de fait le contrôle des séparatistes sur une partie du bassin houiller du Donbass- correspond à une défaite.
Le pays, en plein marasme économique, doit se réformer pour donner des garanties à ses bailleurs de fonds et avancer sur la voie du rapprochement vers l’Union européenne, que Viktor Ianoukovitch avait brusquement rejetée. Enfin, le temps presse pour s’accorder avec Moscou et résoudre le conflit qui prive les Ukrainiens de gaz russe depuis juin, puisque les températures chutent ces derniers jours et deviennent négatives la nuit.
(ats/Newsnet)