ETATS-UNIS: Les républicains giflent Barack Obama

«Que la victoire est bonne!» Peu après 23 heures, Lee Zeldin, un vétéran d’Irak de 34 ans, célèbre sa victoire sur la scène de l’immense bar Emporium de Patchogue, à 80 kilomètres de New York. Ici, au bout de Long Island, à quelques kilomètres des Hamptons, le Saint-Tropez de la Côte Est des Etats-Unis, le jeune élu républicain a gagné un siège détenu depuis 12 ans par un démocrate. Il se félicite du large succès des républicains qui ont repris le contrôle du Sénat et harangue les quelque 300 personnes en leur promettant de lutter contre la politique de Barack Obama.

Dans la foule, Ken Schröder, un lieutenant-colonel qui a combattu avec Lee Zeldin en Irak, se dit «très heureux» de la victoire de son ancien compagnon d’armes et de la bonne soirée pour les républicains. Le Sénat a facilement basculé dans leur camp. Dans le Kentucky, le conservateur Mitch McConnell a été aisément réélu face à la démocrate Alison Lundergan Grimes et il est devenu à 72 ans le nouveau président du Sénat. Pour le politicien du Kentucky, cette victoire est la réalisation d’un vieux rêve et la validation d’une stratégie qui consiste depuis 6 ans à s’opposer systématiquement à la politique de Barack Obama.

Un tiers des sièges remis en jeu

En début de soirée, le président américain avait reconnu la situation très compliquée dans laquelle se trouvaient les démocrates pour tenter de sauver leur majorité au Sénat: «C’est probablement le pire groupe d’Etats possibles depuis Dwight Eisenhower», avait-t-il déclaré sur la radio WNPR. Lors des Midterms de 1958, la situation était inversée: le parti du président républicain avait perdu 13 sièges face aux démocrates.

Un tiers des 100 sièges du Sénat était remis en jeu mardi soir. Mais 10 des duels les plus serrés se déroulaient dans des Etats que Barack Obama avait perdu en 2012. Les mauvaises nouvelles pour le président se sont succédées à un rythme soutenu pendant la soirée. Les démocrates ont perdu dès la fermeture des bureaux de vote leur siège en Virgine Occidentale, un Etat minier où Barack Obama est très impopulaire en raison de sa politique environnementale favorisant les énergies renouvelables.

Les républicains ont enchaîné avec une victoire dans l’Arkansas, où Mark Pryor a perdu malgré l’engagement à ses côtés de Bill Clinton, l’enfant du pays. Le Colorado, le Montana, le Dakota du Sud sont aussi rapidement passés dans le camp républicain. La Caroline du Nord a fait de même, tout comme l’Iowa qui a finalement permis aux républicains de reprendre le contrôle du Sénat et forcer Barack Obama à une cohabitation inconfortable pour les deux dernières années de sa présidence. Les démocrates risquaient encore de perdre leur siège en Alaska et la Louisiane organisera un second tour le 6 janvier.

A la Chambre des Représentants, les républicains ont consolidé leur majorité. A minuit, heure de New York, ils avaient remporté 9 nouveaux sièges comme celui de Lee Zeldin à Long Island. La déroute démocrate a été totale. Le parti de Barack Obama a aussi perdu le poste de gouverneur de l’Illinois, l’Etat d’où vient pourtant le président. Il a échoué dans sa reconquête de la Floride, un Etat qui sera clé lors de l’élection présidentielle de 2016. Charlie Crist, le candidat démocrate, n’a pas réussi à déloger le gouverneur républicain de Floride. Dans le Maryland, un Etat pourtant largement démocrate, Anthony Brown a lui aussi été battu et ne deviendra pas le premier gouverneur afro-américain de l’Etat.

Les rares bonnes nouvelles pour la Maison-Blanche sont finalement venues du New Hampshire, où la sénatrice Jeanne Shaheen a conservé son siège, et du Michigan, où Gary Peters a réussi à préserver le siège du Sénateur Carl Levin dans le camp démocrate. Et en Virginie, le Sénateur Mark Warner semblait en mesure de sauver de peu son siège. Si elle se confirmait, cette victoire serait importante pour les démocrates en prévision de la présidentielle 2016, car la Virginie fera partie des Etats décisifs pour la Maison-Blanche.

(24 heures)