
Dix millions de personnes à travers le monde n’ont pas d’existence légale. Ce sont des apatrides. Victimes oubliées des guerres et des conflits de territoires, elles se retrouvent prises au piège d’un no man’s land administratif. Aucun Etat ne voulant les reconnaître, elles ne peuvent prétendre à rien. Privées de nationalité, elles sont aussi privées de droits.
«L’apatridie peut signifier une vie sans éducation, ni soins de santé ou emploi formel, une vie sans liberté de mouvements, sans espoir ni perspective d’avenir», a rappelé le Haut-commissaire aux réfugiés, Antonio Guterres qui qualifie le phénomène de «grave anomalie inacceptable du 21ème siècle». Le HCR vient de lancer une campagne de sensibilisation. Toutes les 10 minutes, un enfant apatride naît quelque part dans le monde.
«Pour être honnête, cet aspect de notre mandat qui figure à l’agenda des droits de l’homme est celui qui a été le plus oublié», confesse Antonio Guterres. La convention internationale pour l’éradication de l’apatridie date de 1961… L’agence des Nations Unies en charge des réfugiés, se donne dix ans pour mettre fin définitivement à ce fléau «créé par l’homme». Une vingtaine de personnalités parmi lesquelles l’actrice Angelina Jolie, l’archevêque émérite Desmond Tutu et la cantatrice Barbara Hendricks ont signé une lettre ouverte pour dénoncer cette injustice et inciter les Etats à changer leurs lois afin d’enregistrer chaque enfant qui naît.
Actuellement, 70% des nouveaux nés syriens, enregistrés au Liban dans des camps de réfugiés, sont considérés comme apatrides. Les pays les plus touchés par le phénomène sont la Birmanie, où plus d’un million de musulmans Rohingyas se sont vu refuser la citoyenneté birmane, la Côte d’Ivoire, où vivent 700’000 apatrides provenant notamment du Burkina Faso, la Thaïlande (500’000 apatrides), la Lituanie (268’000 apatrides d’origine russe) et la République dominicaine (200’000 apatrides d’origine haïtienne).
Plusieurs facteurs sont avancés pour expliquer le phénomène des apatrides: les guerres, les effondrements de pays, comme l’URSS, les législations de certains pays qui empêchent qu’un enfant né de père inconnu prenne la nationalité de la mère.
(24 heures)