
En pleines négociations à Ouagadougou, les Etats-Unis, l’un des plus proches alliés du pays, maintiennent la pression. En visite surprise dans la capitale burkinabè, la sous-secrétaire d’Etat adjointe pour l’Afrique a réitéré samedi l’exigence américaine d’une transition démocratique devant le lieutenant-colonel Isaac Zida, l’homme fort du pays.
C’est dans un bâtiment administratif du centre de Ouagadougou que se joue une bonne part de l’avenir du pays. Non loin de l’Assemblée nationale incendiée lors des émeutes ayant chassé, après 27 ans de règne, le président Blaise Compaoré qui, du fond de son exil ivoirien, se dit victime d’un coup de force.
Conférence plénière
Les responsables de l’opposition et de la société civile, ainsi que des chefs religieux et traditionnels, soit au total une soixantaine de personnes, se sont réunis brièvement dans ce bâtiment dans la matinée pour prendre possession d’un «avant-projet de charte de la transition». Ils se sont ensuite retirés pour l’examiner chacun de son côté, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Les délégués se sont retrouvés en «conférence plénière» dans l’après-midi pour tenter de s’entendre sur cette «charte». Le document de travail a été élaboré jeudi et vendredi par une commission ad hoc.
L’armée, qui a participé aux travaux, a fait une brève apparition à cette réunion plénière. C’est le colonel Auguste Denise Barry, bras droit du lieutenant-colonel Isaac Zida, actuel homme fort du Burkina, qui est arrivé à la tête d’une délégation de militaires pour prendre part aux débats. Seule l’ex-majorité n’a pas été invitée aux débats, mais elle a pu présenter sa contribution via les émissaires de l’armée.
Synthèse avec l’armée lundi ou mardi
Selon plusieurs délégués de la société civile, l’officier supérieur a tenu lors de son court discours à la tribune des propos encourageants pour la suite, assurant que l’armée n’avait pas l’intention de conserver le pouvoir.
Après le départ des militaires, la soixantaine de délégués présents ont repris leurs travaux, discutant point par point chaque article diffusé sur un grand écran, sur le mode du consensus. «On espère terminer ce soir ou demain», a confié un délégué de la société civile. Une synthèse avec les propositions de l’armée devrait ensuite être opérée «lundi ou mardi», selon ce délégué
M. Zida numéro deux de la garde présidentielle, a été désigné par l’armée pour diriger le pays, après la démission et la fuite le 31 octobre du président Compaoré.
Trouver la bonne personnalité civile
Les acteurs de la crise s’étaient déjà entendus mercredi sur les grands principes de la transition: sa durée – un an – et le fait qu’elle sera dirigée par une personnalité civile, jusqu’à des élections présidentielle et législatives d’ici à novembre 2015.
Mais aucun consensus ne s’est dégagé jusqu’à présent sur le nom du futur chef de la transition. Si le plan de transition est validé samedi, la prochaine étape sera sa présentation lundi aux médiateurs internationaux de la troïka ONU-Union africaine-Cédéao (l’organisation régionale ouest-africaine).
Dans une interview à Jeune Afrique, Blaise Compaoré, réfugié dans la capitale politique ivoirienne Yamoussoukro, laisse lui éclater sa rancoeur. «Nous savions depuis longtemps qu’une partie de l’opposition était en relation avec l’armée. L’objectif: préparer un coup d’Etat», assure-t-il.
(ats/Newsnet)