TYPHON HAIYAN: Un an après le drame, les survivants se recueillent

«Mes enfants me manquent terriblement (…) Tu me manques mon fils, je t’aime tant», lance Josephine Crisostomo, 41 ans, qui a perdu ses trois enfants dans la tourmente. Elle est venue comme tant d’autres se recueillir à Tacloban devant les fosses communes qui abritent plus de 2000 corps.

«Je suis si seule; je dîne et me couche tôt parce que je ne supporte pas la solitude la nuit», confie Lillia Olajay, 77 ans. Elle a perdu sa fille adoptive et son petit-fils dans la tempête.

Une messe, suivie d’un lâcher de ballons et de colombes, s’est tenue dans la matinée sur le site. Et dans ce pays majoritairement catholique, une grande partie de la population a assisté samedi matin à des célébrations de commémoration.

Des cérémonies sont nécessaires aux survivants, a estimé le maire de Tacloban, Alfred Romualdez. «C’est difficile pour eux, car d’un côté, ils ont la chance d’avoir survécu, mais de l’autre, ils ont perdu des proches, et souvent leur maison et leurs moyens de subsistance», a-t-il expliqué.

Formé dans l’océan Pacifique, Haiyan a ravagé le 8 novembre des îles du centre de l’archipel philippin avec les vents les plus violents jamais enregistrés à terre et des vagues géantes qui ont lessivé le littoral. Quelque 14 millions de personnes, soit environ 15% de la population totale, vivent dans la zone meurtrie, une région de culture et de pêche qui comptait déjà parmi les plus pauvres du pays.

Milliers de logements neufs

L’effort de reconstruction commence à payer même si des millions de survivants n’ont toujours ni toit ni moyens de subsistance. Défigurée, Tacloban, la grande ville portuaire de la région, ressemble aujourd’hui à n’importe quelle agglomération philippine avec ses embouteillages, ses marchés effervescents, ses centres commerciaux bondés et ses files d’attente à l’entrée de fast-foods.

A la campagne, les rizières verdoyantes témoignent des semailles intensives qui ont permis à des millions de personnes de survivre tandis que les ONG nationales et internationales ont financé des milliers de logements neufs.

Relancer l’économie locale

«Si cela s’était passé dans d’autres pays de la région, le redressement n’aurait certainement pas été aussi rapide», a expliqué Peter Agnew, un haut responsable de l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

Mais il faudra des années pour relancer l’économie locale après la dévastation des plantations de cocotiers et des ports de pêche, principaux secteurs d’activité pourvoyeurs d’emplois.

Population à déplacer

Le revenu moyen d’un foyer dans la région était de 25% inférieur à la moyenne nationale avant le typhon, selon des chiffres gouvernementaux. L’écart s’est depuis dangereusement creusé.

Les experts estiment qu’un million de personnes devraient être déplacées pour évacuer de façon permanente les zones trop exposées aux tempêtes. Cette donnée est prise en compte par le plan gouvernemental de reconstruction, mais elle complique encore le problème et ralentit son avancée.

(ats/Newsnet)