FRANCE: Hervé Mariton, «Nicolas Sarkozy passe à côté des vrais sujets!»

Député de la Drôme, Hervé Mariton est candidat à la présidence de l’UMP le 29 novembre prochain. Il est ce mardi à Genève (18h30, Hôtel Warwick) pour rencontrer les sympathisants de l’UMP, à l’invitation de la députée des Français de Suisse Claudine Schmid. Dans sa dernière ligne droite, la course à la présidence du parti se complique encore davantage avec les révélations contestées du Monde sur François Fillon et Nicolas Sarkozy. Plus que jamais, l’UMP est un champ de bataille…

Est-ce une affaire Jouyet-Fillon ou une affaire Fillon-Sarkozy?

A ce stade, c’est une affaire Jouyet. Mais j’avoue ne pas me passionner pour ce genre de péripéties politiciennes qui prend beaucoup trop de place dans les médias et occulte les vraies questions qui préoccupent les Français.

Une trahison à l’UMP, ce n’est tout de même pas rien?

Je ne dis pas qu’elles ne méritent aucune place, je dis qu’elles prennent trop de place. Mais je ne suis pas dupe, ni naïf, ni hors de la réalité. Faute de comprendre et de pouvoir articuler un discours économique cohérent – les problèmes de la France – on occupe le terrain avec des problématiques annexes. C’est l’une des lois de Parkinson appliquée à la politique…

Que viennent faire les lois de Parkinson dans cette campagne?

Vous savez: ces lois économiques formulées par un drolatique Anglo-saxon disent, par exemple, que dans une séance d’un conseil d’administration, on va parler de la machine à café à remplacer. Histoire d’être certain que tout le monde comprenne. Par contre, les décisions stratégiques et importantes de l’entreprise se prendront devant la machine à café, mais par le petit groupe restreint de personnes qui détiennent le pouvoir.

Quel rapport avec la campagne à la présidence de l’UMP?

J’ai écouté le discours de Nicolas Sarkozy vendredi dernier lors de son grand meeting à Paris. Il veut sauver la République et sa grandeur… Mais c’est notre économie qui est en péril! Il y a une urgence sur cette question et cela n’a rien à voir avec la République, qui va bien. Merci pour elle. C’est curieux, cette manie de prendre des sujets qui n’en sont pas et d’allumer des polémiques qui n’en sont pas.

Vous nous dites que la campagne de Nicolas Sarkozy est dans les faux-semblants et l’escamotage du fond?

Ce sont vos mots, je n’en utilise pas d’aussi forts. Mais pour moi, Nicolas Sarkozy passe à côté des vrais sujets. Le seul crédit des politiques est celui des résultats. C’est cela qu’il faut juger, débattre et discuter. Et non se lancer dans une énième dissertation sur la République.

Vous avez entamé votre campagne à la présidence sur le mode «le retour de Nicolas Sarkozy ne doit pas passer par l’UMP».

Et je continue à le dire: je pense qu’il a tort. D’ailleurs certains de ses proches, comme Henri Guaino, le lui ont dit.

Est-il néanmoins, à vos yeux, un présidentiable pour 2017?

Ce sera un candidat sérieux et légitime. Mais il n’est pas le seul à l’UMP. Ensuite, si je suis président du parti et que les militants le désignent lors de la primaire, je m’engagerai à fond dans sa campagne.

Qu’est-ce qui a changé dans votre campagne depuis que Nicolas Sarkozy s’est déclaré candidat?

Je parcours les fédérations avec beaucoup de sérieux. Je rencontre les Français et les militants UMP en assumant mes positions sans me soucier des différences. C’est une campagne complexe avec des moyens financiers incomparables. Je multiplie les réunions de terroir, avec des assemblées d’une centaine de personnes. Nicolas Sarkozy fait des meetings devant 3000 personnes. Moi, je préfère la qualité de la rencontre à la quantité.

Parlons de vous: quel est le sens de votre candidature?

Je suis le garant de la paix. Je suis animé de convictions. J’ai une vision claire, vigoureuse de ce que doit être une UMP, sans extrême, et surtout sans ambiguïtés. Je suis le seul candidat qui dit vraiment qu’il ne se présentera pas aux primaires pour la présidentielle. Je suis le candidat de l’UMP durable, attaché à l’ambition de 2002. Celle de créer un parti qui rassemble les sensibilités de la droite et du centre droit.

Comment redressez l’UMP?

L’UMP est évidemment fragilisé par l’explosion des comptes de campagne de la présidentielle 2012. L’UMP est fragile parce qu’elle doute encore de sa capacité à gérer la compétition des hommes. L’UMP est fragile quand le candidat le plus puissant en oublie même de citer son nom et propose d’en faire tout autre chose. L’UMP est fragile quand elle ne délibère pas suffisamment sur son projet. L’UMP ira mieux quand elle aura fait son autocritique et remédie à ses travers.

A vous entendre vous serez le président de la participation?

Un président tire sa légitimité des militants. Tout doit donc leur revenir. Le vote des militants doit être prépondérant pour les investitures des candidats comme pour chaque volet du projet UMP. C’est ainsi que je veux légitimer mon projet. Je serai l’ingénieur de la piste d’envol qui permettra aux militants de choisir librement le meilleur candidat pour la présidence 2017. Ce projet nous permettra de réussir l’alternance.

Qu’est-ce qui vous distingue de Bruno Le Maire et Nicolas Sarkozy?

Moi, je suis candidat à la présidence de l’UMP et non aux primaires pour la présidentielle. Je suis déjà à l’UMP responsable des projets, je suis un homme d’idées et de convictions. Je suis opposé au star-system. Je considère que les polémiques sur les questions institutionnelles – double mandat et autres – nous éloignent des vraies questions. Sur le plan économique, je suis le plus libéral des trois. Et sur les questions de société, j’ai conduit le combat contre la loi Taubira du mariage pour tous. Je suis encore pour le droit du sang, ce qui me distingue encore des deux autres candidats.

Vous avez un profil de conservateur anglo-saxon?

Oui, on peut le dire. Je suis conquérant et rassurant. Je défends le niveau de vie et le mode de vie.

Remettre l’UMP au travail. C’est le message, pas très glamour, qu’on entend dans votre programme?

La gauche a tellement abîmé la situation de ce pays que les Français ont besoin de neuf. Mais pas sur les formes, non sur le fond. Ils sont prêts à se remettre en question! Les Français en ont soupé des ambiguïtés de François Hollande. Les Français peuvent ne pas être d’accord, mais ils feront confiance à la force d’un projet, sans effet d’annonce, mais avec de la clarté.

En quelques mots, les priorités de ce projet?

Les Français veulent préserver leur niveau de vie, ils veulent travailler davantage. Ils demandent une intégration réussie. Ils savent qu’il faut gagner la guerre économique de la mondialisation, et ils sont prêts à beaucoup pour y arriver, mais ils veulent aussi de la proximité. A quoi ressemblera mon village, ma petite ville dans quelques années. Et surtout, ils veulent que la place de la famille soit centrale. La gauche n’a cessé de faire peser le poids des économies sur les familles.

(Newsnet)