ATTRIBUTION DES COUPES DU MONDE: La FIFA accusée de biaiser le rapport sur le «Qatargate»

Non, la Russie comme le Qatar n’ont soudoyé personne pour décrocher le droit d’organiser la Coupe du monde de football respectivement de 2018 et celle de 2022, selon la FIFA. Les instances mondiales du football se sont décidées à livrer ce jeudi des bribes d’informations quant à l’enquête menée par l’ex-procureur de New York Michael J. Garcia dans ces deux dossiers. Le président de la chambre de jugement de la commission d’éthique de la FIFA, Hans-Joachim Eckert, a fait savoir que l’enquête avait certes révélé des «éléments douteux», mais que ceux-ci ne pouvaient remettre en cause le processus d’attribution de ces deux événements. Mais coup de théâtre, quatre heures après la présentation de ces conclusions, l’auteur de l’enquête en personne dénonce la communication partiale de la FIFA sur les résultats de sa propre enquête!

Pas d’irrégularité majeure

Depuis la remise de ce rapport en septembre, la FIFA était pressée, y compris par Michael J. Garcia, de publier l’intégralité de l’enquête menée sur des allégations de corruption, concernant principalement le cas du Qatar. La FIFA, arguant qu’une publication intégrale violerait les statuts de sa commission d’éthique, a donc préféré en synthétiser le contenu. Selon Hans-Joachim Eckert, l’enquête met en évidence «certains faits», «de portée très limitée», «susceptibles de porter atteinte à l’intégrité du processus». Et les instances mondiales du football de noter au passage que des «pratiques contestables» ont été repérées dans toutes les candidatures, sauf dans celle de la Belgique et des Pays-Bas.

Concernant le Qatar, la FIFA évoque «la conduite douteuse de deux personnes agissant comme conseillers ou consultants auprès de l’équipe de candidature» de l’Emirat. Mais «les effets de ces faits sont loin d’atteindre un niveau qui impliquerait de se pencher à nouveau» sur ce processus, «et encore moins de le rouvrir». Quant à la Russie, elle est simplement épinglée pour ne pas avoir intégralement collaboré à l’enquête du New-Yorkais. Au vu des tensions américano-russes, rien d’étonnant à cela, mais on n’en sait guère plus sur le fond du dossier.

La FIFA n’aurait pas tout dit…

Tout cela calmera-t-il les esprits? Rien n’est moins sûr, puisque l’auteur même de l’enquête, qui a duré dix-huit mois, fustige l’interprétation qu’a faite de son travail le comité d’éthique de la FIFA. Michael J. Garcia dénonce maintenant des «représentations erronées et incomplètes» de son rapport, des accusations pas anodines de la part d’un ex-procureur. Les médias britanniques affirment que le courroux de Garcia proviendrait du fait qu’il en aurait écrit beaucoup plus sur les manquements de membres du comité exécutif de la FIFA, informations qui auraient été tues dans le compte-rendu publié ce jeudi matin à Zurich.

En ce qui concerne le «Qatargate», les révélations se sont accumulées ces derniers mois. En juin dernier, le Sunday Times, documents à l’appui, affirmait que le Qatarien Mohammed Ben Hamman, l’ancien président de la Confédération asiatique de football, avait arrosé à hauteur de 5 millions de dollars des membres de la FIFA, à un moment où Doha était en campagne pour décrocher le Mondial de 2022. Mohammed Ben Hamman a bien été banni à vie par la FIFA en 2012, mais pour des motifs qui n’ont officiellement rien à voir avec l’attribution de la Coupe du monde au Qatar.

Pour ne rien arranger, les États-Unis, qui étaient également candidats pour 2022, se montrent également actifs sur ce dossier. Le FBI a lancé sa propre enquête sur des affaires d’évasion fiscale et de blanchiment d’argent portant sur d’ex-responsables de fédérations nationales de football.

Autant dire que la FIFA, malgré sa communication du jour, n’a sans doute pas fini de devoir s’expliquer sur «les affaires».

(TDG)