DRAME DE SIVENS: Les «mensonges» après la mort de Rémi Fraisse

Quinze jours après la mort du jeune militant Rémi Fraisse, la tension n’est toujours pas retombée. Les révélations du Monde sur les conversations des gendarmes mettent en doute ce que savaient ou non les autorités locales et le gouvernement dans les heures qui ont suivi le décès du jeune homme de 21 ans dans la nuit du 25 au 26 octobre lors des manifestations violentes contre la construction du barrage de Sivens (Tarn).

A Paris, le mouvement de mobilisation des lycéens menace de prendre de l’ampleur. L’Université de Rennes-II a été fermée mercredi par crainte de débordements. De quoi fragiliser un gouvernement déjà affaibli et dont certains soutiens – écologistes – n’hésitent pas à demander la démission du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve.

«Il est décédé, le mec!»

Selon les extraits de procès-verbaux publiés par Le Monde, il apparaît clairement que les gendarmes ont immédiatement pris conscience de la gravité de l’événement. En effet, comme c’est la procédure, les policiers impliqués à cadrer la manifestation communiquent en direct avec leur centrale. «Il est décédé le mec… Là, c’est vachement grave…» s’écrie un policier à 2 h 03. Alors pourquoi, s’indignent les élus de gauche, les différents représentants du pouvoir ont-ils attendu près de deux jours pour exposer clairement les faits?

Ainsi, les élus écologistes, dont la secrétaire générale du parti EEVL Emmanuelle Cosse, parlent d’une tentative d’étouffer l’affaire. «François Hollande doit s’expliquer sur la décision prise de ne pas révéler la vérité», a-t-elle martelé à l’Assemblée nationale. D’autres à peine moins virulents, dont des élus socialistes, demandent une commission d’enquête. Non pas sur les conditions d’intervention de la gendarmerie, celle-ci existe déjà, mais sur la raison pour laquelle le Ministère de l’intérieur a attendu le dimanche soir (à 20 h 18) pour publier un simple communiqué de presse.

«Violence légitime»

Néanmoins, la mort de Rémi Fraisse était déjà connue du public le dimanche matin et le juge en charge de l’enquête s’était déjà manifesté. Le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve se défend ainsi en invoquant la priorité de la justice à parler en premier pour ne pas être soupçonné d’avoir voulu cadenasser l’information judiciaire.

Tous mécontents! Le contexte est donc au déminage d’une affaire qui donne aux contestataires de tous ordres et aux insatisfaits de tous bords une motivation à exprimer une «violence légitime» contre le gouvernement, les autorités et la police en premier lieu. A Toulouse, Rennes, Nantes et toujours Paris, les manifestations de lycéens et d’universitaires se multiplient depuis des jours. Certaines émaillées de violences. Hier après-midi encore, des lycéens s’en sont pris à une voiture de police dans le XIIIe arrondissement de Paris.

(TDG)