EBOLA: Traitements à l’essai en Afrique

Pas de miracle, mais de l’espoir. En l’absence de traitement spécifique contre le virus Ebola, des premiers essais cliniques accélérés vont être menés en Afrique de l’Ouest dans trois des centres de traitement de la maladie pris en charge par Médecins sans frontières (MSF). «Il n’y a aucune garantie que ces thérapies soient un remède miracle, mais nous devons faire tout notre possible pour tester des médicaments existants dans le but d’augmenter les chances de trouver un traitement efficace contre le virus Ebola», a déclaré hier à Genève le Dr Annick Antierens, qui coordonne les essais pour MSF.

Ces tests, menés par trois différents partenaires de recherche et approuvés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), débuteront en décembre. Les premiers résultats pourraient être disponibles en février 2015.

Une étude clinique sur l’antiviral brincidifovir sera menée sous l’autorité de l’Université d’Oxford à Monrovia, la capitale du Liberia, sous réserve de l’accord des autorités locales, a précisé le Dr Antierens. Deux autres essais sont prévus en Guinée. L’antiviral favipiravir sera testé sous la direction de l’Institut national français de la santé et de la recherche médicale (INSERM), tandis que l’étude sur le traitement à base de sang et de plasma convalescent sera conduite par l’Institut de médecine tropicale d’Anvers (IMT).

«Le plasma convalescent de patients guéris contenant des anticorps contre un agent pathogène a déjà été utilisé en toute sécurité pour d’autres maladies infectieuses», a expliqué Johan van Griensven, coordinateur de la recherche menée par l’IMT. «Nous voulons savoir s’il fonctionne pour Ebola, s’il est sûr et s’il serait possible d’élargir son utilisation pour réduire le nombre de décès.»

Objectif survie

«C’est un partenariat international sans précédent qui représente un espoir pour les patients d’avoir accès à un véritable traitement contre cette maladie qui tue aujourd’hui entre 50% et 80% des personnes infectées», a ajouté le Dr. Annick Antierens.

Les protocoles de ces essais sont en phase finale de développement et ont été conçus avec un objectif simple de survie à quatorze jours après avoir développé la maladie. Ils s’attelleront à perturber le moins possible les soins aux patients et à respecter les normes éthiques, a précisé MSF.

Les deux médicaments, le brincidofovir et le favipiravir, ont été sélectionnés dans la liste des traitements potentiels contre Ebola retenus par l’OMS, après un examen attentif des profils d’innocuité et d’efficacité, de la disponibilité des produits et de la facilité d’administration aux patients. MSF exhorte de son côté leur fabriquant à augmenter leur production, pour s’assurer qu’il n’y aura pas de délai entre la fin des essais et l’introduction des produits dont l’efficacité et l’innocuité auront été prouvées. L’ONG demande aussi à ce que les médicaments produits soient abordables et disponibles en quantités suffisantes pour lutter contre l’épidémie en Afrique de l’Ouest.

Expérience inédite

«Mener des études cliniques sur des médicaments expérimentaux au cœur d’une crise humanitaire est une nouvelle expérience pour nous tous, mais nous sommes déterminés à ne pas décevoir les populations d’Afrique de l’Ouest», a conclu le professeur Peter Horby, de l’Université d’Oxford.

(TDG)