SYRIE-IRAK: Qui est Al-Baghdadi, le «calife» djihadiste?

Abou Bakr Al-Baghdadi, qui est sorti de son silence jeudi 13 novembre dans un enregistrement audio qui lui est attribué, est un énigmatique djihadiste proclamé «calife» de tous les musulmans par son groupe qui sème la terreur sur l’Irak et la Syrie.

Après avoir agi pendant des années dans l’ombre, Abou Bakr al-Baghdadi est devenu ces derniers mois le chef du groupe djihadiste probablement le plus puissant, riche et brutal au monde, après s’être affranchi du réseau Al-Qaïda.

Ce groupe, baptisé Etat islamique (EI), s’est emparé de pans entiers de l’Irak à la faveur d’une offensive fulgurante lancé début juin et contrôle de vastes territoires en Syrie.

Proclamation du «califat»

Dans une tentative de rétablir un régime politique islamique disparu il y a près d’un siècle, il a proclamé un califat sur l’ensemble de ces zones dont Baghdadi est devenu le «calife», chef de tous les musulmans selon le groupe.

Accusé de crimes contre l’Humanité par l’ONU, le groupe EI a tué de nombreux membres de tribus syriennes et irakiennes, attaqué la minorité religieuse Yézidis, vendu des femmes comme esclaves et revendiqué la décapitation de quatre otages occidentaux.

Cette influence territoriale et ces exactions ont conduit les Etats-Unis à rassembler une coalition internationale qui bombarde par les airs les positions des djihadistes, et à envoyer quelque 3100 soldats pour conseiller les forces de sécurité irakiennes dépassées.

«Je suis le Wali désigné pour vous diriger»

Baghdadi avait créé la surprise début juillet en apparaissant dans une vidéo peu après la proclamation par le groupe du califat, et dans laquelle le «calife Ibrahim» –nom donné à Baghdadi par l’EI– ordonne à tous les musulmans de lui «obéir».

«Je suis le Wali (leader) désigné pour vous diriger, mais je ne suis pas meilleur que vous; si vous pensez que j’ai raison, aidez-moi et si vous pensez que j’ai tort conseillez-moi et mettez-moi sur le droit chemin», avait-t-il dit, portant barbe noire, turban et abaya sombres.

Depuis le déclenchement des frappes de la coalition, il a disparu à nouveau.

Incarcéré dans un camp américain

Né en 1971 à Samarra au nord de Bagdad, selon Washington, Baghdadi aurait rejoint l’insurrection en Irak peu après l’invasion conduite par les Etats-Unis en 2003, et aurait été incarcéré dans un camp de détention américain.

Les forces américaines avaient annoncé en octobre 2005 la mort d’Abou Douaa -un des surnoms de Baghdadi- dans un raid aérien. Mais il est réapparu, vivant, en mai 2010 à la tête de l’Etat islamique en Irak (ISI), la branche irakienne d’Al-Qaïda.

La stratégie anti-insurrectionnelle américaine, combinée au retournement d’une partie des tribus sunnites contre les djihadistes, avait mis le groupe à mal.

A la 54e place du classement Forbes

Mais il a rebondi en élargissant ses activités à la Syrie voisine, rejetant ensuite l’ordre du chef d’Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, de se concentrer sur l’Irak et de laisser la Syrie au Front Al-Nosra, un groupe djihadiste combattant contre le régime de Damas.

En avril 2013, Baghdadi a annoncé une fusion entre l’ISI et les combattants d’Al-Nosra pour former l’EIIL (Etat islamique et en Irak et au Levant), mais ces derniers ont refusé d’adhérer. Les deux groupes ont commencé à opérer séparément, avant de s’affronter en Syrie.

Au sein de l’EI, Baghdadi est salué comme un commandant et un tacticien présent sur le champ de bataille, contrairement à Zawahiri, son ancien supérieur et actuel rival d’Al-Qaïda. Sa montée en puissance lui a récemment valu d’entrer dans le classement annuel des personnalités les plus puissantes du magazine américain Forbes, à la 54e place.

(afp/Newsnet)