
Un Français figure probablement parmi les bourreaux qui ont tué l’Américain Peter Kassig ainsi que 18 hommes présentés comme des soldats de l’armée syrienne, selon la vidéo macabre diffusée dimanche par le groupe Etat islamique. Après que cette piste eût été avancée dès dimanche par des observateurs des réseaux islamistes, le Ministère de l’intérieur, par la voix de son ministre Bernard Cazeneuve, a confirmé hier qu’il était probable qu’un ressortissant français a participé directement à la décapitation de prisonniers syriens. Le ministre a appelé au passage les jeunes Français à «ouvrir les yeux» sur la «barbarie» de Daech (le groupe Etat islamique).
Le Français figurant dans cette vidéo serait un Normand, âgé de 22 ans, se faisant appeler Abou Abdallah Al Faransi, soit «Le Français». Maxime, de son vrai nom, habitait il y a trois ans encore un petit village de l’Eure, où ses ex-amis, effarés, disent également l’avoir reconnu dans la vidéo, selon une enquête menée en Normandie par RTL. Mais dans son entourage, personne n’a reconnu le Maxime qu’ils connaissaient jadis, un gars «joyeux», «gentil», qui, il y a trois ans encore, aimait faire la fête et vivait le plus «normalement du monde». Après avoir manifesté peu à peu son intérêt pour le Coran, Maxime s’est converti à l’islam à 17 ans, mais ses proches n’ont jamais vu en lui un radical.
C’est en août 2013 qu’il aurait gagné la Syrie, via la Turquie, selon un schéma d’endoctrinement désormais bien connu: le jeune homme semble s’être radicalisé au fil de contacts et de discussions sur Internet, dont on sait qu’elles sont souvent menées directement depuis les fiefs du groupe Etat islamique en Syrie ou en Irak. Et c’est tout seul, sans aide, comme il le décrit dans un entretien accordé en juillet, depuis Raqqa, à BFMTV, qu’il a entrepris son voyage pour rejoindre les djihadistes. Il affirmait alors vivre dans une caserne avec une quarantaine de combattants, dont des Français. «L’objectif personnel de chacun ici, c’est de tomber en martyr. C’est la plus grande récompense», assurait-il.
Hier, un haut responsable français de la lutte antiterroriste a confirmé auprès de l’Agence France Presse que ce Normand avait été identifié sur la vidéo. Et Paris enquête sur un deuxième Français apparaissant à l’image, et qui aurait commis les mêmes crimes. «Leur faire faire ce genre d’horreur est à la fois un test, – vont-ils en être capables? – et vise à les fidéliser au sein du groupe», a-t-il commenté. «Une fois qu’ils sont apparus commettant ce genre d’acte à visage découvert, il n’y a plus de retour en arrière possible. C’est une façon de les prendre, eux aussi, en otage».
Près de 1000 Français ont été impliqués de près ou de loin dans la guerre en Syrie et en Irak, et près de 400 sont actuellement engagés sur le front, selon les chiffres du gouvernement français.
(TDG)