
Les Européens ont décidé lundi 17 novembre d’élargir la liste des personnes sanctionnées pour leur implication dans le conflit en Ukraine. Au même moment, la Russie et la Pologne expulsaient un certain nombre de diplomates.
Les ministres européens des Affaires étrangères, réunis à Bruxelles, ont débattu lundi de leur «stratégie» dans le conflit entre Moscou et Kiev. Ils ont demandé au service diplomatique de l’UE de «proposer de nouvelles inscriptions sur la liste, en visant des séparatistes». Une décision doit être prise «d’ici la fin du mois», a indiqué une source européenne.
La nouvelle liste ne devrait donc pas comprendre des responsables russes. A ce jour, 119 personnes, des séparatistes mais aussi des Russes sont visées par un gel de leurs avoirs et une interdiction de visa pour l’UE.
Appel à la fermeté
Présent à Bruxelles, le chef de la diplomatie ukrainienne Pavlo Klimkine avait auparavant appelé l’UE à se montrer ferme. «Il est temps de formuler un message clair envers Moscou disant que toute nouvelle déstabilisation en Ukraine déclenchera des mesures supplémentaires de l’UE», a-t-il dit à l’AFP.
Il a ajouté que Kiev espérait participer à une rencontre de haut niveau avec la Russie «cette semaine» sous l’égide de l’UE pour faire revivre le cessez-le-feu conclu le 5 septembre à Minsk.
Cette réunion des Vingt-Huit a lieu au lendemain d’un G20 où les Occidentaux ont durement critiqué le président russe Vladimir Poutine. Pour la presse russe de lundi, le G20 a creusé le fossé entre la Russie et l’Occident.
Expulsions croisées
Accentuant ce sentiment de nouvelle guerre froide, Moscou et Varsovie ont annoncé lundi l’expulsion de diplomates pour «espionnage». Le ministère russe des Affaires étrangères a annoncé que «plusieurs diplomates polonais» avaient «déjà quitté le territoire» russe «en raison d’activités incompatibles avec leur statut», un terme faisant généralement référence à des activités d’espionnage.
Moscou n’a précisé ni la date ni le nombre de personnes expulsées. Selon une source diplomatique, il s’agit de trois attachés militaires et d’un employé de la section politique qui ont quitté la Russie dimanche. De son côté, la diplomatie polonaise a annoncé qu’il s’agissait d’une «réponse symétrique» à une mesure analogue de Moscou.
Moscou a aussi confirmé l’expulsion d’un diplomate allemand en réponse à des «actes inamicaux» de Berlin, a rapporté l’agence Ria Novosti. «Qui aurait cru que 25 ans après la fin de la guerre froide, après la fin de la division de l’Europe (…) une telle chose pouvait se passer au cœur même de l’Europe», a lancé Angela Merkel, se disant «convaincue» que le Kremlin «ne l’emportera pas».
Nouveaux combats
Depuis quelques semaines, les combats ont redoublé d’intensité dans l’Est séparatiste. Des explosions et des tirs d’artillerie ont ainsi à nouveau été entendus lundi à l’aéroport de Donetsk.
Pourtant, Andreï Pourguine, vice-Premier ministre de la «République populaire de Donetsk» auto-proclamée, avait annoncé dimanche que les rebelles avaient trouvé un accord avec les forces ukrainiennes pour faire cesser les bombardements autour de l’aéroport lors d’une réunion en présence de diplomates russes et de représentants de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).
Mais un porte-parole de l’armée à Kiev a indiqué que l’accord ne visait qu’à permettre aux rebelles de récupérer leurs morts et leurs blessés dans la zone de l’aéroport.
«Elucubrations» de l’Otan
Kiev accuse la Russie d’envoyer des troupes de combat et du matériel militaire en renfort aux rebelles, ce que l’Otan et l’OSCE ont confirmé. Ce que Moscou nie catégoriquement.
Dans une interview à la télévision publique allemande ARD, Vladimir Poutine a ainsi affirmé que les rebelles se procurent des armes par eux-mêmes.
Plus sèche, la diplomatie russe a dénoncé les «élucubrations» de l’Otan. Elle a estimé que l’Alliance atlantique attisait les «sentiments antirusses» pour justifier sa présence accrue aux portes de la Russie.
(afp/Newsnet)