
Lentement certes, mais très sûrement, l’Agence pour la Promotion et le Développement de l’Artisanat (APDA), tisse sa toile, laquelle devra aboutir au rayonnement d’un secteur transversal qu’est l’artisanat. Ce lundi Ibra Ndiaye et son équipe ont tenu un forum sur « La problématique de l’accès des artisans à la satisfaction de la commande publique ».
A l’issue des frottements qui ont vu la présence des présidents de chambres des métiers, de secrétaires généraux et de plusieurs organisations professionnelles d’artisans, des structures de financement comme le FONGIP et la BNDE, deux recommandations phares ont jailli. Il s’est agi d’une part, pour la Direction Centrale des Marchés Publics, de procéder à la formation de deux artisans par organisation professionnelle, laquelle formation sera financée par l’APDA et, d’autre part, de la transmission par l’APDA au FONGIP et à la BNDE, de projets structurants des artisans tout comme l’intégration des projets de promotion au PSE.
La longue marche vers l’essor d’un secteur jusqu’ici traité en parent pauvre.
Débordant d’imagination et d’initiatives, le nouveau directeur général de l’APDA a secoué pas mal de cocotiers depuis son avènement à la tête de cette structure, lesquelles actions entrent en droite ligne avec les désidératas du conseil des ministres du 17 janviers 2013 qui ont vu la puissance publique s’engager à « améliorer la commande de l’Etat en produits artisanaux ». Deux mois plus tard, « l’APDA enclenche une dynamique de remise en chantier du Projet Mobilier National (PMN) en rapport avec les acteurs de la genèse du projet dans le cadre d’un groupe de contact » a expliqué le directeur général avant d’ajouter qu’à la 22e Fidak déjà, « des prototypes du PMN sont exposés dans un stand spécial et un panel sur les enjeux économiques, culturels et sociaux a été tenu en marge de la foire » et cela a eu comme conséquence logique, la mise en place par le ministre en charge de l’Economie et des finances, sur instruction du président de la république et du premier ministre, d’un comité de réflexion pour la mise en œuvre du PMN. Un pas de géant venait d’être posé. Une étude sur les conditions et modalités d’implication des entreprises artisanales dans la mise en œuvre est bouclée dès le mois de février courant, un arrêté primatorial fixe les règles du jeu et le 13 octobre dernier, le groupe de contact de l’APDA est reçu à la présidence de la république par un ministre conseiller chargé de l’élaboration d’un décret portant modification du décret 97-928 du 27 Août 1997 portant création du Programme de Mobilier National. Cette belle dynamique a été confirmée par le premier ministre qui, à l’occasion de son discours de politique générale, a annoncé la décision de verser dans le budget 2015 15% de la commande publique en mobilier aux artisans.
Quelques enseignements sur le chemin parcouru.
Cette belle trajectoire empruntée par l’APDA dans le sens de révolutionner le secteur artisanal appelle quelques enseignements que sont :
– La réactivité volontariste du Gouvernement est à souligner parce qu’elle renseigne sur le niveau d’écoute et d’attention des plus Hautes Autorités de l’Etat par rapport au PMN qui a un potentiel de positionnement parmi les projets structurants du PSE ;
– Dans sa phase actuelle (3ème phase) le PMN est replacé selon l’article premier de l’Arrêté du 08 mai 2014, sous la tutelle technique du Ministère chargé de l’artisanat et sous la tutelle financière du Ministère chargé des finances sans occulter la dimension culturelle du projet qui rejaillira avec la nécessité de renouvellement des modèles à partir de la trajectoire initiale .Le caractère interministériel du PMN est un facteur d’enrichissement,
– Le Comité d’orientation et de surveillance créé pour assister le Coordonnateur du PMN dans la phase active du projet est placé sous la Présidence du Directeur Général de l’APDA (Article 3) ;
– Les quotas : 15 % (acquis PM), 40% (promis PR) ou 100% (convoités par les artisans) constituent des étapes à franchir et des défis à relever par les artisans de la filière bois, aluminium et métal qui sont des sous-secteurs d’activités artisanales convergentes du PMN ;
– Le paradigme de perception du PMN est appelé à s’ouvrir pour embrasser d’autres activités artisanales de production, de service et d’art, en fonction de la pluralité et de la variété des domaines d’expression de la commande publique dans des matières comme la fabrication, la réparation ou l’entretien du matériel agricole, la confection des uniformes militaires et/ou scolaires, la réparation automobile, entre autres exemples.
Quel jeu de rôle harmonisé des acteurs pour la suite du processus ?
– Les artisans en tant que corporation organisée autour des Chambres de Métiers et des OPA doivent s’accorder sur la nécessité impérieuse de se mobiliser, de se réorganiser et de créer les solidarités indispensables entre Micro, Petites et Moyennes Entreprises Artisanales dont l’imbrication méthodique pourrait permettre de faire face quantitativement et qualitativement aux commandes des donneurs d’ordre.
– L’Etat est interpellé pour le contrôle et le suivi de l’exécution correcte de la politique des quotas aux niveaux central et décentralisé. L’opérationnalisation rapide du PMN pour le lancement sans délai de ses activités spécifiques constitue un autre impératif à satisfaire.
– Les diverses structures d’encadrement et d’appui doivent s’inscrire dans une perspective d’intégration, de coordination et de cohérence de leurs appuis ou services financiers ou non financiers dans le cadre de partenariats opérationnels dynamiques.
– Les composantes d’un environnement de performance à mettre en place concernent.
– la disponibilité des matières premières dont en particulier les variétés de bois avec l’installation de scieries modernes dotées de système d’essorage efficace au niveau des régions forestières et/ou le démantèlement des monopoles déguisés d’importation du bois à partir d’une libéralisation impliquant fortement les nationaux.
– L’équipement des entreprises artisanales en machinerie et outillage de pointe en exploitant les opportunités de la coopération avec certains pays du Nord ;
– La formation, le perfectionnement et le recyclage permanent des capacités professionnelles des artisans avec des apports en design et en maitrise de logiciels informatiques de créativité ;
– Le financement à partir de mécanismes innovants de facilitation de l’accès des artisans au crédit ;
– La communication sur la qualité (solidité, robustesse, durabilité…) du mobilier réalisé localement par rapport à celui qui est importé et qui pèse lourdement sur la balance commerciale du pays.
– Les axes de débat suggérés ne sont ni exhaustifs, ni destinés à focaliser exclusivement les échanges entre professionnels du secteur qui sont mis au défi de consacrer la préférence nationale comme une stratégie pertinente de promotion d’un développement durable. L’artisanat est ainsi mis en condition de jouer un rôle d’avant-garde sur ce plan.
A la fin du panel, le nouveau siège de L’Agence a été visité et les artisans ont bien apprécié que tous les meubles de la structure soient fabriqués par nos artisans.
[orbit]
La Rédaction.