
L’opération Labyrinthe n’en finit pas de faire des remous. L’action de la police a conduit à l’arrestation de onze hauts fonctionnaires soupçonnés de corruption dans l’affaire des «visas dorés». Parmi ceux-ci figurent le patron de la police des frontières, celui du Conservatoire national et même un agent des services secrets. Et ce vaste coup de filet – pas moins de 200 policiers mobilisés – vient de faire sa première victime collatérale. Le ministre de l’Intérieur, Miguel Macedo, a été contraint de démissionner. «Je n’ai rien à me reprocher, mais je me dois de préserver l’intégrité du gouvernement», a-t-il déclaré en substance dimanche.
Les vistos dourados, les «visas en or», ont été créés en 2012 pour encourager les investissements de la part de ressortissants non communautaires. Près de 1700 titres de séjour exceptionnels ont ainsi été distribués, pour un investissement total d’un milliard d’euros. Les principaux bénéficiaires de ces visas «gold» sont Chinois, Brésiliens et Angolais.
En Europe, cette pratique du visa «doré» n’est pas une exclusivité portugaise. Chypre, Malte, l’Espagne, la Grèce, ainsi que l’Irlande, l’Autriche, la Hongrie et la Lettonie notamment, l’ont aussi adoptée.
Les visas «gold» n’ont jamais eu la cote auprès des Portugais, furieux de voir attribuer des facilités aux riches investisseurs capables de débourser au minimum 500 000 euros pour un bien immobilier. Pas facile en effet d’avaler la pilule quand, dans le même temps, les banques saisissent leurs modestes appartements dont ils ne parviennent plus à payer les traites.
Au printemps dernier, un Chinois détenteur d’un visa «gold» et reconnu comme membre de la mafia de son pays était arrêté. C’était un premier coup de canif dans un système apparemment bien rodé. L’opération Labyrinthe a créé un précédent en frappant au cœur du gouvernement. Le premier ministre, Pedro Passos Coelho, qui, malgré d’autres affaires politiques récentes, est parvenu à éviter le remaniement ministériel, va devoir y procéder.
Alors que débute l’enquête sur la chute de Banco Espirito Santo (BES), dont l’impact peut se révéler politiquement et économiquement désastreux pour le chef du gouvernement, l’affaire des vistos dourados tombe très mal.
(TDG)