JAPON: Shinzo Abe convoque des élections anticipées

«J’ai besoin d’entendre la voix du peuple. Si nous devions perdre notre majorité, je démissionnerai, car cela voudra dire que notre politique économique (les fameux «Abenomics», ndlr.) est rejetée.»

Moins de deux ans après son retour aux affaires, à la suite de la victoire de son Parti libéral démocrate, le 16 décembre 2012, le premier ministre japonais Shinzo Abe a annoncé hier la dissolution du parlement et la convocation d’élections anticipées pour la mi-décembre.

Cette soudaine envie de se mettre à l’écoute des électeurs ne doit rien au hasard, mais lui est imposée par une conjoncture économique qui ne cesse de se dégrader. En effet, en dépit de ses Abenomics (sa stratégie à trois flèches: budgétaire, monétaire, réformatrice), le premier ministre n’est pas parvenu à sortir plus de quelques mois son pays d’une récession où il a replongé ces deux derniers trimestres.

«Malheureusement, comme l’ont montré les chiffres du produit intérieur brut publiés lundi (ndlr. -0,4% au troisième trimestre après – 1,9% au deuxième), la croissance n’est pas revenue», a dû concéder hier Shinzo Abe.

Face à cette situation, le premier ministre a par ailleurs annoncé l’ajournement d’une deuxième hausse de la TVA, après une première très mal accueillie en avril dernier, tant elle risquait de plomber encore un peu plus le pouvoir d’achat et donc les efforts de reprise.

Un coup dur pour cet homme pressé qui caresse l’ambition de redonner au Japon une place de premier plan sur la scène internationale. Toutefois, Shinzo Abe reste convaincu que sa politique reste la bonne et s’engage même à la renforcer s’il devait être reconduit.

Popularité en baisse

Selon plusieurs analystes, la situation économique du Japon n’est pas la seule raison qui a poussé le premier ministre à convoquer des élections anticipées. La chute de sa popularité sous la barre des 50% en serait une autre. Alors que l’opposition reste faible et divisée, le premier ministre a en effet tout intérêt à précipiter le retour aux urnes des Japonais avant que sa cote n’ait trop baissé, expliquait hier le correspondant de la BBC à Tokyo Rupert Wingfield-Hayes.

Si, comme il l’espère, Abe devait remporter un mandat clair et une majorité solide à la mi-décembre, il pourrait alors donner un coup d’accélérateur à plusieurs de ses projets prioritaires.

Dans le domaine énergétique, ce fervent partisan du nucléaire, cherchera l’accord des électeurs pour relancer la cinquantaine de réacteurs du pays mis à l’arrêt après la catastrophe de Fukushima. Sur le plan diplomatico-militaire, Abe caresse l’ambition – par une réinterprétation de la Constitution pacifiste – de redonner aux forces armées les moyens de faire face aux menaces extérieures, notamment chinoises.

(24 heures)