ESPACE: L’Occident et le mystère du «spoutnik tueur»

Au début, l’objet volant pas très identifié a été considéré comme un débris d’une fusée russe. Lancée le 23 mai dernier, cette dernière transportait trois satellites de communications Rodnik destinés à compléter un dispositif militaire en orbite autour de la terre.

Et puis, Object 2014-28E a commencé à suivre une trajectoire anormale, attirant l’attention des services occidentaux qui surveillent tout ce qui bouge dans l’espace. Baptisé 39’765 par le NORAD (le commandement nord-américain de défense aérospatial), Cosmos 2’499 serait en fait un satellite expérimental russe aux capacités totalement inconnues.

Dans le climat de guerre froide régnant actuellement entre l’Occident et la Russie à cause de la crise ukrainienne, il n’en fallait pas plus pour alimenter les théories les plus folles. Cosmos 2’499 serait en fait le prototype d’un satellite tueur, digne héritier du projet «Istrabitel Spoutnik» (chasseur de satellite) lancé au début des années 60 par l’Union soviétique pour se garantir la maîtrise militaire de l’espace. Un programme qui n’a jamais abouti.

Capacité de propulsion

«Je ne sais pas s’il s’agit d’un spoutnik tueur, commente Anton Ivanov, spécialiste des satellites au Swiss space centre de l’EPFL. Mais il est exact que celui que l’on appelle Cosmos 2’499, Object 2014-28E ou 39’765 est bien en orbite autour de la terre (une orbite assez haute puisque son périgée est de plus de 1’000 km) et dispose de capacité de propulsion».

D’après le scientifique et ses collègues qui ont procédé hier à quelques rapides calculs, le satellite pourrait avoir un poids de 5 kg et mesure environ 1 mètre de long. «Selon toute vraisemblance, il s’agit d’un engin expérimental qui pourrait avoir pour fonction de ravitailler un autre engin ou servir d’aspirateur à débris», dit encore Ivanov.

Ce qui est remarquable, poursuit le scientifique, «c’est de voir comment Cosmos 2’499s’est rapproché ces dernières heures des restes du dernier étage de la fusée qui l’a emporté dans l’espace, comme s’il voulait l’accoster.»

S’il ne voit aucun lien entre la crise ukrainienne et Cosmos 2’499 – il faut plusieurs années de travail pour préparer une telle mission – Ivanov est en revanche convaincu que cette expérience démontre que la Russie est à nouveau à la pointe de la technologie dans ce domaine extraordinaire qu’est la conquête spatiale. «Certes Philae est allé plus loin, mais Cosmos 2’499 pourrait réserver des surprises», conclut-il.

On peut suivre la trajectoire de Cosmos 2’499 sur: http://www.n2yo.com

(24 heures)