GRANDE-BRETAGNE: David Cameron ne parvient pas à empêcher la montée de l’UKIP

Le premier ministre britannique, David Cameron, va perdre aujourd’hui un deuxième député à la Chambre des communes. Et ce en un peu plus d’un mois. Un nouveau «transfuge» du Parti conservateur devrait se faire réélire dans le sud-est du pays sous les couleurs du Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP). Selon de récents sondages, Mark Reckless devrait obtenir 44% des votes contre 32% pour son ancienne adjointe.

La quasi-intégralité des ministres conservateurs du gouvernement a pourtant été déployée dans la circonscription de Rochester et Strood afin d’inverser cette tendance. La direction du parti a bien compris qu’une défaite affaiblirait encore un peu plus son leader, dont la popularité et l’autorité diminuent de jour en jour. Bien qu’il ait été opposé en 2010 à un Parti travailliste au bout du rouleau, «David Cameron n’a pas obtenu la majorité, preuve de la faible attraction qu’il opère auprès des électeurs conservateurs traditionnels, rappelle Patrick Dunleavy, professeur de politique à la London School of Economics. Il est même largement menacé par le retour annoncé à la Chambre des communes de l’actuel maire de Londres, Boris Johnson, qui est perçu par beaucoup d’élus et d’électeurs torys comme un vrai conservateur.»

De fait, les deux «transfuges» ont justifié leur décision par leur incapacité à obtenir le suivi d’une politique plus conservatrice. «Notre problème, peut-être lié à notre coalition gouvernementale avec les libéraux-démocrates, est que nous mettons en place une politique qui ne nous correspond pas», nous a expliqué le député David Davis, ancien ministre à l’Europe de John Major. En cause, la progression de l’immigration malgré les promesses de David Cameron et la stagnation des salaires depuis six ans, attribuée par l’UKIP à l’arrivée de nombreux Européens de l’Est sur le marché du travail.

David Cameron pâtit également de son indécrottable image de gosse de riches tout droit sorti des plus élitistes écoles privées du pays. Avec son accent posh (bourgeois) et ses airs de jeune homme propret, il rebute une part importante de la population. Aucun autre responsable politique britannique n’est perçu comme aussi déconnecté de la réalité par les Britanniques. Il garde pourtant une chance d’être réélu en mai car le leader de l’opposition travailliste, Ed Miliband, provoque un rejet encore plus important.

(24 heures)