
James Meredith, l’un des symboles de la lutte pour les droits civiques au début des années 1960 aux États-Unis, ne mâche pas ses mots.
«Pour moi, ce n’est pas un problème de racisme. Ce n’est pas un problème de blancs ou de noirs. Les 40 ou 50 dernières années ont apporté une élite noire. Désormais, il y a un problème de respectabilité», dit dans un entretien à l’ats le premier étudiant noir à entrer en 1962 dans la très ségrégationniste Université du Mississippi (Ole Miss).
Depuis le début de la présidence de Barack Obama, de nombreux blancs ont eux aussi vu leur condition se dégrader, ajoute M. Meredith, qui évoque pourtant le chef de l’Etat en de très bons termes. Selon lui, le réel problème réside dans la diminution de la classe moyenne.
«L’élite noire est plutôt stable alors que la classe moyenne ne l’est pas. J’ai vu plus de blancs devenir pauvres que riches ces cinq dernières années», souligne-t-il.
Nombreuses armes en circulation
La tension était palpable ce week-end à Ferguson, alors qu’un grand jury doit décider d’ici la fin du mois sur l’opportunité de juger un policier blanc ayant tué un adolescent noir cet été. Le gouverneur du Missouri a décrété lundi 24 novembre l’état d’urgence et activé la Garde nationale, et le FBI a renforcé ses équipes sur place.
La situation à Ferguson «en vient au vrai problème», estime James Meredith. «Cette approche ressemble plus à la guerre civile que tout ce que j«ai vécu», souligne encore cet homme de plus de 80 ans, qui a des origines liées à des ancêtres afro-américains, canadiens, écossais et indiens avec les Choctaw.
La solution va passer par le Mississippi
«Nous aurons été chanceux si nous pouvons résoudre ça sans guerre civile», dit-il. Le nombre d’armes est préoccupant et le caractère moral de la société américaine est très bas, affirme-t-il. La solution va passer par le Mississippi, où la population est «plus croyante que n«importe où dans le monde», souligne celui qui ne donne plus d’interview à la presse américaine depuis de nombreuses années.
Au XIXe siècle, la Guerre de Sécession était claire. «La majorité au sein de l«Union pensait que l’esclavage était mal. De l’autre côté, le Sud ne pouvait réussir sans» le travail forcé, estime M. Meredith qui explique avoir trouvé les documents les plus intéressants sur l«esclavage dans des institutions en Suisse.
Encadré par l’armée
Lors de son arrivée à Ole Miss, l«armée avait dû l’encadrer pour assurer sa sécurité. Il refuse de comparer sa situation à celle de Ferguson et considère ce rapprochement comme une «insulte». Il a toujours gardé ses distances avec les organisations des droits civiques parce qu’il affirme avoir fait respecter des droits dont il disposait à sa naissance.
Il a planifié son incursion chez «l’ennemi», comme il appelle encore aujourd’hui son ancien établissement. Et d«estimer encore que l’Université, qui ne totalise que 18 % d«étudiants afro-américains, «tente tout pour maintenir une suprématie blanche».
A l’inverse, les quelque 5% de blancs à l«Université Jackson State sont considérés comme une avancée majeure. Par ailleurs, James Meredith a tout de même été honoré au milieu du terrain de football américain d’Ole Miss. Au Mississippi, il reste célébré par les jeunes Afro-américains comme l«une des personnalités importantes de la lutte pour les droits civiques.
( /ats/Newsnet)