
Dès 20 h ce vendredi, les 268’300 adhérents de l’UMP auront vingt-quatre heures pour élire le président de leur parti. Un scrutin électronique sous haute surveillance après les tricheries avérées de 2012. Samedi soir, sans surprise, Nicolas Sarkozy (59 ans) sera élu président de l’UMP. En 2004, il l’avait été avec 85% des voix. Quel score réalisera l’ex-président de la République? C’est à peu près la seule inconnue.
Ses deux challengers pour la présidence du parti, le député de la Drôme Hervé Mariton (56 ans) et le député de l’Eure Bruno Le Maire (45 ans), ont certes marqué des points durant la campagne, mais ces deux outsiders ne peuvent inquiéter le chouchou des militants de l’UMP.
Evidence
«La crise exceptionnelle que traverse le parti – et le pays – requiert quelqu’un d’exceptionnel!» La députée de Haute-Savoie Virginie Duby-Muller ne cache pas son admiration pour l’ex-président de la République, dont elle a rejoint l’équipe en octobre. Elle doit l’aider à reconquérir le pouvoir (lire ci-dessous). A écouter cette jeune élue de 35 ans, Nicolas Sarkozy est une évidence. «Il a les qualités d’autorité, de rassemblement et de sérénité dont l’UMP a besoin en ce moment», estime Virginie Duby-Muller, qui pronostique 70% des voix en faveur de l’ex-président.
Mais Nicolas Sarkozy veut davantage: car c’est d’un plébiscite dont il a besoin pour réorganiser à sa guise. «Plus la confiance que vous m’accorderez sera forte, plus nous pourrons faire la démonstration de notre unité retrouvée et de notre capacité à redevenir la première formation politique», écrit Nicolas Sarkozy dans une lettre reçue hier par les militants. Et c’est bien à la prochaine bataille que tous songent: la présidentielle de 2017.
Profil consensuel
«Les promesses n’engagent que ceux qui les croient», commente Claudine Schmid à propos de l’idée d’une primaire ouverte que Nicolas Sarkozy a été obligé d’admettre durant la campagne. La députée UMP des Français de Suisse a parrainé, elle, Hervé Mariton. Son profil consensuel et surtout son engagement de n’être candidat qu’à la présidence de l’UMP ont séduit la Zurichoise de l’Assemblée nationale. «C’est mon côté neutralité suisse», plaisante Claudine Schmid. Et d’avancer un argument de raison: «L’UMP a besoin de se faire entendre comme parti indépendamment de la présidentielle de 2017. Avec un président candidat, je crains la confusion.»
La menace des affaires
D’autant que «les affaires vont devenir le point central de la campagne à venir. J’en suis persuadé», lâche Gérard Davet. Le journaliste du Monde enquête sans relâche depuis des années sur Nicolas Sarkozy. Son dernier livre, Sarko s’est tuer, cosigné avec Fabrice Lhomme, fait l’inventaire des onze affaires qui le menacent. Cette enquête a révélé la «trahison» de François Fillon: ce dernier aurait demandé à l’Elysée de hâter la justice pour empêcher le retour de son ancien patron.
C’est en thématisant la guerre des chefs et le besoin de transparence financière à l’UMP, notamment en lien avec l’affaire Bygmalion, que Bruno Le Maire a été crédité (par un récent sondage France Inter, entre autres) de la meilleure campagne. «Le renouveau, c’est Bruno!» est son slogan… Pas de quoi affoler un Sarkozy idolâtré par les siens. «Le Maire, c’est pas mal. Mais cela reste un énarque qui laisse tomber la cravate pour essayer de faire pop», ironise le politologue Roland Cayrol.
Objectif présidentielle
Hervé Gaymard, député et président du Conseil général de la Savoie, fait, lui, carrément l’impasse sur cette élection à la tête de l’UMP. Proche d’Alain Juppé, il est déjà dans le travail pour la présidentielle. «Très honnêtement, nous consacrons toute notre énergie à l’échéance de 2017», avance-t-il. Et le combat des chefs a commencé sans attendre. L’affaire des sifflets des sympathisants sarkozystes à l’adresse d’Alain Juppé l’illustre: les deux hommes sont déjà à couteaux tirés.
«Lamentable! Nous avons besoin d’une démocratie adulte. Je n’ai aucune raison de ne pas croire que le président de l’UMP n’organisera pas de primaire ouverte pour 2017. D’ailleurs, c’est le droit positif actuel inscrit dans les statuts de l’UMP validés par nos membres en 2012», analyse Hervé Gaymard.
Samedi soir, Nicolas Sarkozy fera-t-il la même analyse pour ce parti qu’il entend refonder du «sol au plafond»? Alain Juppé, François Fillon et Xavier Bertrand, les autres prétendants à l’Elysée, sont-ils prêts à redevenir de simples «collaborateurs» de Nicolas Sarkozy? Ça sent la bagarre entre les gros bras!
(24 heures)