HUMANITAIRE: Le budget du CICR explose

Pour la troisième année consécutive, le budget du CICR bat des records. La multiplication des crises et l’impuissance de la communauté internationale à trouver des solutions politiques contraignent le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à prévoir un budget pour 2015 qui sera de 1,6 milliard de francs suisses (1,26 milliard d’euros ou 1,68 milliard de dollars US) pour venir en aide aux victimes des conflits armés et des situations de violence. Ce montant, le plus important jamais demandé par le CICR, s’inscrit en hausse de 25% par rapport à l’appel initial lancé en 2014.

«Nous sommes confrontés à une dynamique des situations de violence et à un changement de paradigme dans la nature des conflits qui font que les besoins ne cessent d’augmenter», a expliqué Peter Maurer, président du CICR, lors d’une conférence de presse organisée ce matin à Genève à l’occasion du lancement des appels d’urgence de l’institution. Et d’ajouter: «Un de nos défis essentiels consiste à réussir à accéder à un nombre toujours plus grand de personnes ayant besoin d’aide et à pouvoir œuvrer à leurs côtés dans des conditions de sécurité qui ne cessent de se détériorer.» Le budget 2015 du CICR comprend le montant initial de 1,38 milliard de francs pour les opérations sur le terrain et de 194,4 millions de francs pour le soutien apporté par le siège de l’institution à Genève.

Accent sur la Syrie
La Syrie, enlisée dans une impasse sanglante qui a de graves répercussions sur les pays voisins, restera la principale opération du CICR en 2015 en termes de dépenses, avec un budget de plus de 164 millions de francs. Parmi les autres opérations importantes figurent celles conduites au Soudan du Sud, en Afghanistan, en Irak, en Somalie, en République démocratique du Congo, en Israël et dans les territoires occupés, au Mali, en République centrafricaine et en Ukraine. Si certains conflits, comme ceux au Moyen-Orient, en Ukraine et au Soudan du Sud, font la une des médias et attirent l’attention de la communauté internationale, d’autres ont tendance à être «négligés, voire oubliés», a rappelé Peter Maurer. Pour le CICR la situation humanitaire en Afghanistan, en République démocratique du Congo ou en Somalie reste extrêmement précaire.

Contraint de concentrer ses efforts sur les opérations de terrain, le CICR confirme qu’il va continuer à resserrer ses coûts de fonctionnement, notamment au sein du siège à Genève. «Si la délocalisation de services logistiques peut permettre de faire des économies, on le fera mais de manière mesurée et échelonnée. Nous ferons tout pour en atténuer l’impact sur le personnel employé à Genève», a-t-il assuré. Comme Antonio Guterres, haut-commissaire aux réfugiés, Peter Maurer constate que le secteur humanitaire est à un tournant de son histoire. «On ne voit pas encore les nouveaux contours de ce que sera l’humanitaire demain mais nous y réfléchissons tous les jours», a-t-il déclaré.

(24 heures)