PARIS: Des brebis sous la Tour Eiffel pour crier au loup

Des centaines de brebis au pied de la Tour Eiffel à Paris… Jeudi, des bergers protestant contre les attaques croissantes de loups en France ont symboliquement demandé à l’exécutif «de les garder» afin de les préserver.

«On a voulu montrer aux pouvoirs publics l’absurdité du loup. Et puisqu’on n’arrive plus à protéger nos troupeaux, on va demander au gouvernement de les garder», lance Serge Préveraud, président de la Fédération nationale ovine (FNO).

Un cor de chasse raisonne. Et, symboliquement, un jeune homme au béret déclare «la chasse au loup ouverte». Derrière lui, 300 brebis bêlent, sous l’œil intrigué de touristes et promeneurs.

Halte au ministère

Trois enclos renferment des Lacaunes, brebis laitières qui servent pour la fabrication du fromage Roquefort, et deux races à viande: des Romanes et des Noires du Velay, si élégantes avec leurs têtes noires et leurs robes brunes.

«On est partis hier d’Auvergne (centre). On a fait une halte à Rambouillet» près de Paris «où elles ont pu passer la nuit dans un pré», raconte dans son vert de travail Jean-François Vedel, éleveur.

Dans l’après-midi, quelques bêtes devaient faire une incursion dans le centre de Paris, jusqu’au ministère de l’Agriculture où le ministre Stéphane Le Foll a promis de recevoir une délégation de bergers en colère.

Le loup gagne du terrain

Leur constat est clair: le loup, qui est revenu en France par le massif du Mercantour (sud-est) en 1992, ne cesse de gagner du terrain. La population, estimée à 300 animaux, progresse de 15 à 20% par an, sur une aire de répartition qui augmente de 25% par an également.

Et les pertes s’amplifient. Dans les Alpes de Haute-Provence (sud-est) par exemple, depuis janvier, il y a eu 345 constats d’attaques, contre 288 sur la même période l’an dernier; et 1117 brebis reconnues tuées par le prédateur contre 874 l’année d’avant, selon les autorités locales.

Les bergers et les éleveurs veulent un nombre conséquent d’autorisations de tuer. Pour 2014-2015, le nombre de tirs autorisés par les autorités locales est plafonné à 24 loups. Il pourra éventuellement être porté à 36 si le nombre de 20 bêtes tuées est atteint, un nombre insuffisant pour les éleveurs.

«Ramasser les cadavres»

«Notre boulot, c’est ramasser des cadavres ou des brebis qui agonisent encore», lâche Jacques Courron, un éleveur du sud de la France, qui a 550 brebis.

Depuis janvier, il dit avoir subi une quarantaine d’attaques, 60 animaux morts et autant de disparus. Pourtant, insiste-t-il, tous les élevages du département ont mis en place des mesures de protection: gardiennage renforcé, tirs de défense, chien de protection et troupeau à l’abri la nuit. «La journée, on s’occupe des morts et la nuit on va chercher le loup», résume-t-il.

De l’autre côté de la Tour Eiffel, une vingtaine de militants défenseurs des loups tentaient également de se faire entendre. «Être pour le loup, ce n’est pas être contre les éleveurs» et «ce qu’on fait sur le loup est disproportionné par rapport aux vrais problèmes des éleveurs», juge Marc Giraud, vice-président de l’association pour la protection des animaux sauvages.

(afp/Newsnet)