EGYPTE: Le pouvoir ne laisse aucune chance aux manifestants salafistes

«Sissi assassin», «Egypte islamique». La prière du vendredi à peine terminée, ils sont quelques dizaines de fidèles à se regrouper au sein de la mosquée «Les califes bien guidés», au Caire, pour manifester leur opposition au coup d’Etat.

«Le régime ferme les mosquées, empêche de défendre la cause palestinienne, emprisonne nos enfants. Il mène une guerre contre l’islam, réveillez-vous», lance un des meneurs de la marche. Mais à peine franchissent-ils les portes de la mosquée qu’une imposante présence policière vient disperser la foule.

C’est peu dire que l’appel à manifester du Front salafiste, soutenu par les Frères musulmans, pour «proclamer l’identité islamique de l’Egypte et renverser le régime militaire» a été pris au sérieux par le régime.

Présence policière massive

«Les balles réelles et les tribunaux militaires seront la réponse à ceux qui manifesteront en violation de la loi», avait prévenu le ministre de l’Intérieur, Mohamed Ibrahim. Résultat: plus d’une centaine de personnes soupçonnées de vouloir manifester ont été arrêtés avant même le début des rassemblements. Et une présence policière massive a quadrillé les principales artères de la capitale et les mosquées jugées sensibles.

Dès mercredi, cinq dirigeants de l’appel salafiste avaient été arrêtés et l’armée égyptienne avait pris position sur les principaux sites stratégiques du pays.

Mais ces mesures drastiques, malgré les rassemblements épars, n’ont pas empêché les violences. Selon l’armée, quelques heures avant le début des manifestations, un général a été tué et deux soldats blessés, pris pour cible par des hommes armés alors qu’ils sortaient d’un hôtel dans un quartier de l’est de la capitale. Et deux manifestants ont été tués par balle lors d’un rassemblement.

Islamistes divisés

«Le fait que le régime ait mobilisé autant d’hommes est déjà une victoire. C’est la preuve qu’il sait que le peuple n’est pas avec lui et qu’il a besoin de la répression pour le faire taire», commente Adil, solidaire des manifestants.

L’appel à manifester n’a toutefois pas fait l’unanimité au sein des mouvements islamistes. «Si le slogan avait été la défense des libertés et de la démocratie, nous aurions certainement soutenu l’appel, a réagi le parti islamiste Al Wasat. Là, on ne fait appel qu’à une partie de l’opposition, alors que nous avons besoin d’unité.»

(24 heures)