
Dix ans après sa première élection à la présidence de l’UMP, Nicolas Sarkozy devrait revenir ce samedi 29 novembre aux manettes du parti, à l’issue d’un scrutin électronique marqué par une cyber-attaque qui a poussé le parti à porter plainte. Le vote, uniquement par internet, a commencé vendredi à 20 heures et doit s’achever samedi à la même heure. Résultat attendu vers 20h30.
Un incident est intervenu vendredi soir. L’UMP a fait état vendredi soir d’une «attaque extérieure» sur le site qui a momentanément perturbé le scrutin: «Il s’agit de l’un des risques anticipés et les dispositions prévues ont été mises en oeuvre. Cela a pu, cependant, avoir pour effet de ralentir l’accès au site du vote», a souligné l’UMP dans un communiqué.
Le parti a porté plainte dans la nuit de vendredi à samedi au commissariat du 15e arrondissement contre les auteurs de ces «cyber-attaques».
Adhérents mobilisés
Malgré ce léger couac, la Haute-Autorité chargée du bon déroulement du scrutin enregistrait 50’000 votants vers 8 heures, a indiqué Luc Chatel, secrétaire général du parti, sur France Info.
C’est la première fois que qu’un vote électronique à une si grande échelle est organisée en France. Des bureaux de vote ont toutefois été installés partout en France pour les militants qui n’ont pas internet.
A Lille, un bureau de vote a ainsi été installé dans la petite pièce vitrée qui sert d’accueil dans les locaux de l’UMP du Nord. Dès 09h15, cinq personnes attendaient leur tour de voter sur un unique ordinateur alors que le téléphone n’arrêtait pas de sonner.
«Je préfère voter ici, on m’a expliqué comment m’y prendre, chez moi, avec tous les codes, j’aurais été perdu», explique Jean-Claude Douai, 72 ans, un professeur d’université à la retraite, adhérent de l’UMP depuis 1962.
Plusieurs centaines d’électeurs étaient attendus samedi dans le local de l’UMP du Nord, selon le président du bureau de vote, Guy-Noël Sellière. Cinq ou six jeunes vont se relayer pour les accueillir jusqu’à 20 heures, explique-t-il, en soulignant qu’«ils sont tous déclarés et tenus au secret».
Campagne acharnée
Trois candidats – outre l’ex-chef de l’Etat, les deux anciens ministres Bruno Le Maire et Hervé Mariton -, seront départagés par plus de 268’000 adhérents UMP, à jour de cotisation au 30 juin dernier.
Nicolas Sarkozy votera samedi en fin de matinée dans la permanence UMP de Paris XVIe (38, rue Molitor), l’arrondissement de son domicile. Hervé Mariton votera à 10h30 au siège de l’UMP (238, rue de Vaugirard), Bruno Le Maire à 11 heures à son QG de campagne (89, boulevard Raspail).
Tous trois ont mené campagne tambour battant, organisant au cours des huit dernières semaines de nombreux meetings (une centaine pour Mariton et Le Maire, une vingtaine pour Sarkozy).
Bruno Le Maire a rappelé à l’ordre par la haute autorité du parti pour avoir continué à passer des coups de téléphone après la clôture officielle de la campagne.
Sarkozy à l’épreuve de la primaire
Avec une passion de convaincre intacte mais quelques improvisations, l’ancien président a rassemblé à chaque fois de 1500 à plus de 4000 personnes. Bien que sa victoire laisse peu de place au doute, ses deux challengers ne s’avouent pas vaincus. Surtout Bruno Le Maire, qui le dépasse désormais en cote d’influence chez les sympathisants UMP (67% contre 65%, selon un sondage BVA publié vendredi).
Nicolas Sarkozy avait déjà présidé aux destinées de l’UMP de fin 2004 à 2007, réussissant à faire du parti un tremplin jusqu’à l’Elysée. Le perdant de 2012 qui rêve de prendre sa revanche en 2017 espère retrouver cette martingale gagnante.
Mais il devra cette fois passer par le filtre d’une primaire «ouverte», exercice qui s’annonce périlleux, au vu de la cote d’amour de son principal rival, Alain Juppé, auprès des Français non seulement de droite, mais aussi du centre, voire ceux de gauche déçus du hollandisme.
Eviter le drame Fillon/Copé
Techniciens et membres de la Haute autorité de l’UMP – Pierre Steimetz, membre du Conseil constitutionnel, Dominique Perben, ex-Garde des sceaux, Françoise de Panafieu, ancienne ministre, Bernard Maligner, expert en droit international, ainsi que leur présidente, la juriste Anne Levade – sont sur le pont durant les 24 heures que dure le scrutin.
Les premiers veillent à prévenir d’éventuels problèmes techniques, les autres à ce que tout se passe dans les règles. Pas question pour l’UMP de revivre le psychodrame de la bataille Copé/Fillon, qui avait failli la faire imploser fin 2012.
(afp/Newsnet)